"Ça me met vraiment en colère": pour la patronne de la CFDT les réformes de l'assurance chômage "n'ont jamais créé d'emplois"

Atteindre le plein-emploi ou faire des économies sur l'assurance chômage ? Alors que le gouvernement s'apprête à durcir les conditions d'accès à l'allocation chômage, pour la patronne de la CFDT cette mesure ne vise qu'un objectif comptable.
"Cette réforme me met vraiment en colère, a réagi Marylise Leon ce mardi sur BFMTV-RMC. Le gouvernement se cache derrière le plein-emploi pour une réforme budgétaire."
Pour rappel, cette réforme qui devrait entrer en vigueur le 1er décembre va obliger les salariés à travailler plus longtemps pour recharger leur droit au chômage avec un passage de 6 à 8 mois cotisés nécessaires pour être indemnisé, et ce, sur une période de référence qui passe de 24 à 20 mois.
Le gouvernement assure avec cette réforme poursuivre un objectif de plein-emploi, soit 5% ou moins de la population active à horizon 2027. Or le taux de chômage stagne en France et est même légèrement remonté ces derniers mois pour atteindre 7,5% de la population active.
"Jamais créé d'emplois"
Dans le même temps, l'Unedic, l'organisme qui verse les allocations aux demandeurs d'emplois a revu à la baisse ses objectifs d'excédent en début d'année. Les recettes sont toujours supérieures aux dépenses, mais l'excédent qui s'est établi à 1,6 milliard d'euros en 2023, après 4,3 milliards en 2022, tomberait à 1,1 milliard cette année. Ce qui ralentit le désendettement de l'organisme (la dette se montait à 59 milliards d'euros à fin 2023).
Pour les syndicats comme la CFDT, cette réforme n'aurait donc pour objectif que de restaurer ces comptes, ce que conteste l'exécutif.
Mais la critique de la patronne du premier syndicat de France ne s'arrête pas là. Selon elle, l'objectif de retour à l'emploi ne serait pas non plus atteint.
"Les réformes de l'assurance-chômage n'ont jamais créé d'emplois, assure-t-elle. L'accompagnement va être plus difficile parce que les personnes en recherche d'emploi auront moins de temps. Je crains une bascule vers la pauvreté."
Marylise Léon cite l'exemple des personnes qui récoltent le sucre dans les Antilles et qui ne bénéficient que de contrats de cinq mois, insuffisants donc pour ouvrir des droits au chômage.
"Il y a 4,7 millions de contrats de moins d'un mois qui ont été signés en 2023, indique-t-elle. C'est incompréhensible qu'on fasse porter la responsabilité aux chômeurs et qu'on n'aille pas vers une généralisation des bonus-malus pour les employeurs."
