Brexit: pourquoi ça bloque toujours entre Londres et l'Union Européenne

Les blocages persistent dans la dernière ligne droite des négociations - Georges Gobet - AFP
Les blocages persistaient lundi entre Britanniques et Européens pour tenter de trouver un accord post-Brexit, au lendemain d'une première journée de négociations supplémentaires, ont indiqué à l'AFP plusieurs sources européennes. Le négociateur européen Michel Barnier a informé les ambassadeurs des Vingt-Sept qu'aucune avancée n'avait été enregistrée ce dimanche sur les trois sujets de blocage - la pêche, les conditions de concurrence équitable et le futur mécanisme de règlement des conflits - selon ces sources.
"Non, ça ne se présente pas bien", a déclaré de son côté la commissaire européenne chargée des Services financiers, Mairead McGuinness, à la radiotélévision irlandaise RTE, estimant que Londres n'acceptait pas l'idée d'un compromis sur les points de tension. Le ministre irlandais des Affaires étrangères, Simon Coveney, assurait lui aussi un peu plus tôt sur RTE que les négociations semblaient "pour l'instant bloquées" entre les deux parties. Ce lundi à 17h (heure française), Ursula von der Leyen et Boris Johnson doivent faire un nouveau point par téléphone. Les deux dirigeants avaient donné deux jours de plus aux négiociateurs, ces deux jours arrivent à échéance ce soir.
Les négociateurs travaillent sous la pression inexorable du calendrier puisqu'un éventuel accord commercial - de plus de 700 pages - devra encore être ratifié par les parlements britannique et européen avant d'entrer en vigueur le 1er janvier. Sans oublier l'extrême vigilance des Etats membres qui espèrent un accord, mais s'inquiètent de concessions trop importantes aux Britanniques.
Le ministre britannique Michael Gove doit se rendre ce lundi à Bruxelles pour rencontrer le vice-président de la Commission européenne, Maros Sefcovic, et discuter de la mise en oeuvre du traité de retrait, qu'un projet de loi britannique remet en cause. Un très controversé projet de loi en cours d'examen au Parlement britannique remet en cause certains engagements pris par le Royaume-Uni dans l'accord encadrant son départ de l'UE le 31 janvier dernier, notamment sur l'Irlande du Nord.
Irlande du Nord
Le Premier ministre irlandais, dont le pays sera en première ligne en cas d'échec, a appelé les négociateurs à faire preuve de "toute la créativité possible". Le secrétaire d'Etat français aux Affaires européennes, Clément Beaune, avait répété dimanche qu'en cas d'accord "non conforme" aux intérêts de la France, en particulier pour ses pêcheurs, Paris pourrait mettre son "veto". En cas de "no deal", "il vaut mieux le savoir maintenant qu'à Noël", a-t-il dit au Journal du Dimanche.
Depuis son départ officiel de l'UE, le 31 janvier dernier, le Royaume-Uni continue d'appliquer les règles européennes. Ce n'est qu'à la fin de cette période de transition, le 31 décembre, qu'interviendra sa sortie du marché unique et de l'union douanière. Faute d'accord, les échanges entre Londres et l'UE se feront dès le 1er janvier selon les seules règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), synonymes de droits de douane ou de quotas, au risque d'un nouveau choc pour des économies déjà fragilisées par la pandémie de coronavirus.