Baisser les allègements de charges détruirait "des centaines de milliers de postes" selon le président du Medef

Le président du Medef, Patrick Martin, à Marseille le 8 mai 2024 - Ludovic MARIN © 2019 AFP
Le président du Medef s'est insurgé mercredi contre la baisse des allègements de charges patronales prévue par le gouvernement dans le cadre du projet de budget qui sera présenté jeudi.
"Baisser les allègements de charges au niveau du SMIC va affecter notre compétitivité, et considérablement amputer les capacités des entreprises à revaloriser les salaires nets. In fine, cela détruira plusieurs centaines de milliers de postes, dans les secteurs très pourvoyeurs d'emploi sur les territoires, en proximité: la propreté, la restauration collective, l'aide à la personne...", assure Patrick Martin dans une interview publiée mercredi soir par les Echos.
La semaine dernière, un rapport des économistes Antoine Bozio et Etienne Wasmer avait été remis au gouvernement, dans lequel ils étudient comment, à coût constant, modifier la pente des allègements de charges consentis aux entreprises, pour éviter que de nombreux salariés restent cantonnés au Smic.
Mais le surlendemain, le Premier ministre Michel Barnier expliquait dans la Tribune Dimanche que 4 milliards d'euros pourraient être économisés grâce à ces allègements.
"Ces travaux ont été dénaturés quand on y a ajouté un objectif de réduction des déficits publics", regrette M. Martin, évoquant une "décision brutale" que "nous ne pouvons pas admettre".
D'autant que le président du Medef avait accepté d'annoncer que les grandes entreprises se prêteraient à une hausse d'impôts pour participer à l'effort budgétaire général, pourvu que des économies conséquentes soient décidées également sur le fonctionnement des administrations publiques.
"Je constate aujourd'hui que ces conditions ne sont hélas pas remplies", déplore-t-il.
Les entreprises sont à ce stade les premières visées et de manière durable" par le budget, selon lui.
"On nous avait annoncé des mesures temporaires et, en réalité, 60% d'entre elles sont structurelles. On nous avait promis des mesures ciblées, et, en réalité, la moitié d'entre elles va affecter toutes les entreprises. Ces mesures si elles étaient confirmées, affecteraient durablement notre compétitivité et l'emploi. Ce n'est pas ce nous avions compris des intentions du gouvernement", précise M. Martin.