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Autotests, FFP2... La grande distribution casse les prix et "pille" les pharmacies

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Masques FFP2 bradés, autotests à prix coûtants... La grande distribution sacrifie ses marges sur les produits anti-Covid, au grand dam des pharmaciens qui ont de plus en plus de mal à se fournir.

Après le gel, les gants ou les masques chirurgicaux, la grande distribution est de nouveau en première ligne dans la vente de produits contre le Covid. Depuis quelques jours, c’est la ruée dans les enseignes sur les masques FFP2 et les autotests.

Les ventes de masques "bec de canard" explosent dans l'Hexagone et principalement dans les grandes surfaces. Carrefour estime ainsi qu’il va en vendre aux alentours de 600.000 cette semaine dans ses magasins. C’est deux fois plus que la semaine passé et même six fois plus qu’avant l’arrivée du variant Omicron. L’enseigne vient même d’en commander 8 millions de plus dont 6 millions seront fabriqués en France dans les 15 usines qui en produisent dans l’Hexagone.

Depuis que les autotests sont autorisés à la vente en grande surface, c’est la ruée là aussi. Selon le panéliste NielsenIQ, il s’est vendu près de 700.000 boîtes d’autotests entre Noël et le jour de l’an. Sachant que chaque boîte en contient cinq en moyenne, ce sont près de 3,5 millions de tests qui ont été écoulés sur la période.

Car la grande distribution casse les prix et accapare les stocks. Sur les masques FFP2 par exemple, de plus en plus de pharmaciens se plaignent de ne plus en trouver. Idem concernant les autotests. 45% des pharmaciens assurent être en rupture de stocks selon un sondage réalisé par l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO) qui estime que "la grande distribution pille les pharmacies".

Les autotests quatre fois moins cher

Elles achètent de très gros volumes et revendent pour certaines à prix coûtant. C’est le cas d’Intermarché sur les masques FFP2 qui a annoncé ce matin qu’elle allait vendre les boîtes de 20 pour 4,52 euros, soit 23 centimes le masque. Chez Carrefour, le FFP2 à l’unité est d’ailleurs quasiment au même prix (24 centimes) et un peu plus cher chez Leclerc (40 centimes).

A titre de comparaison une boîte de 20 masques est vendue entre 10 et 15 euros en pharmacie. Les officines ne peuvent en effet pas se permettre de perdre trop d’argent sur ce matériel.

Et sur les autotests les différences de prix sont encore plus flagrantes. Alors qu'il faut débourser aux alentours de 25 euros pour une boîte de cinq autotests en pharmacie, c'est deux à trois moins sur les étals de la grande distribution. Leclerc qui a dégainé le premier et avait constitué ses stocks des semaines avant l’autorisation de vente les proposent à 1,24 euro l’unité contre 4 à 5 euros en moyenne en pharmacie.

Des opérations intéressantes pour la grande distribution: d'une part car ce sont des produits d'appel qui génèrent un important trafic en magasin. D'autre part parce que les enseignes démontrent leur capacité à proposer des produits de parapharmacies à des prix bien plus bas que les pharmacies. Un argument qu'un E.Leclerc qui ferraille depuis des décennies avec les autorités pour mettre fin au monopole des pharmacies sur la vente de médicaments ne manquera pas de mettre en avant le moment venu.

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco