ÉDITO. Au secours! La justice fiscale est de retour

On croyait la menace du grand soir fiscal écartée en même temps que l’hypothèse Lucie Castets à Matignon. Mais il faut être lucide: avec 110 milliards d’euros à trouver pour redresser les comptes publics d'ici à 2027 ou 2030, on ne coupera pas à de nouvelles hausses d’impôts dans le prochain budget.
Michel Barnier a d’ailleurs commencé à préparer les esprits vendredi pour son premier 20h sur TF1. Le nouveau Premier ministre, par deux fois, a indiqué qu’il ne s’interdisait pas une plus grande "justice fiscale".
Ah la "justice fiscale"... Symbole des années Hollande qui promettait la main sur le cœur que "neuf Français sur dix ne seraient pas concernés par les augmentations de fiscalité".
Deux ans plus tard, 20 millions de foyers fiscaux avaient subi une hausse des prélèvements de plus de 30 milliards d’euros, ce qui avait fait reculer le niveau de vie moyen des Français de 0,5%, fait unique dans ces dernières décennies.
Le problème avec la justice fiscale, c'est qu'elle se transforme souvent en un matraquage douloureux. Tout simplement, car on ne redresse pas les comptes d’un pays en ciblant uniquement les plus riches. Il n’y en a pas assez.
On peut se faire plaisir politiquement en rétablissant l’ISF, cela ne rapportera que 3 ou 4 milliards… pas 110 milliards. Si vous voulez vraiment augmenter les recettes, il faut taper dans la masse, c’est-à-dire dans les classes moyennes.
Priorité à l'emploi
L’impôt devrait être la dernière des options, car c’est la moins maîtrisable. Bercy l’a expérimenté l’année dernière avec un trou surprise de 20 milliards dans la caisse fin 2023.
Les dépenses, elles sont maîtrisables. Si l’on décide de bouger les curseurs à la baisse, ils réagissent. Mais il faut un peu de courage politique pour cela.
On pourrait aussi tout faire pour augmenter le taux d’emploi. Si les Français travaillaient autant que les Allemands, le pays n’aurait plus de problème de déficit. Mais cela prendra du temps.
Et si vraiment nos politiques ressentent une envie démesurée des Français de payer plus d’impôts, tâchons de le faire de manière intelligente, en abimant le moins possible la croissance.
Évitons notamment de trop charger la barque de nos entreprises qui sont déjà les plus taxées d’Europe.
Comme l’a parfaitement résumé Pierre Moscovici dans le Parisien Dimanche : "Si tu y vas, vas-y mollo et vise juste". On peut lui faire confiance, il en connait un rayon en matière de ras-le-bol fiscal...