"Au plus bas depuis 15 ans": les ventes de bijoux plombées par le prix exorbitant de l'or

La demande mondiale d'or dans le secteur de la bijouterie est tombée de 11% en volume en 2024, à 1.877 tonnes contre 2.110 tonnes en 2023, relève le Conseil mondial de l'or (CMO). - Pexels
Les achats de bijoux en or ont fortement chuté en 2024 et sont au plus bas depuis quinze ans - hors période du Covid - en raison de l'envolée du prix du métal jaune et du ralentissement économique chinois.
La demande mondiale d'or dans le secteur de la bijouterie est tombée de 11% en volume en 2024, à 1.877 tonnes contre 2.110 tonnes en 2023, relève le Conseil mondial de l'or (CMO) dans son rapport annuel sur la demande paru mercredi.
Selon l'organisation, le prix de l'or s'est affiché en moyenne à 2.386 dollars l'once sur l'année, une progression de 23% par rapport à 2023.
Si la demande de bijoux a baissé, des investissements en forte hausse dans le métal jaune et une solide demande des banques centrales, dans un climat d'incertitudes géopolitiques, ont poussé la valeur refuge à des sommets.
En forte progression tout au long de l'année, elle s'échangeait à un niveau record de 2.663 dollars en moyenne au quatrième trimestre.
Si les consommateurs de bijoux achètent moins, ils paient plus cher pour chaque gramme d'or, et leurs dépenses ont augmenté de 9% pour atteindre 144 milliards de dollars en 2024, ce qui est un record absolu, affirme le CMO.
"Dans un environnement avec des prix en forte hausse et un marché volatil, les consommateurs de bijoux ont plus de difficultés" à acheter, même s'ils y consacrent des sommes plus importantes, résume Louise Street analyste du CMO.
La Chine plombe l'or
La Chine, en particulier, a enregistré une chute spectaculaire de 24% de la demande en bijoux, à 479 tonnes, son niveau le plus faible depuis plus d'une décennie.
Le géant asiatique est le principal contributeur à la baisse du volume de bijoux achetés en 2024, avec une demande en volume en retrait de près de 160 tonnes sur un an.
Frappés par le ralentissement de la croissance économique du pays et une crise sévère du marché immobilier, les consommateurs chinois ont réduit leurs dépenses accordées aux bijoux en or.
Celles-ci s'affichent 10% en dessous des dépenses de 2020, pourtant une "année ravagée par le Covid", précise le rapport du CMO.
De plus, "la consolidation de l'industrie" et "la fermeture de joailliers" exerceront probablement une pression sur la demande de bijoux.
"Si l'économie nationale continue de ralentir, nous nous attendons à ce que la consommation diminue encore", prévient le CMO.
L'Inde résiste
La Chine, qui était le plus grand demandeur d'or pour le secteur de la joaillerie en 2023, a cédé l'an dernier sa première place à l'Inde, dont la demande a été bien plus résiliente.
Le pays a mieux résisté que le reste du monde, enregistrant une baisse limitée à 2%, avec 563,4 tonnes de bijoux en or achetés en 2024.
Cette résilience s'explique par une décision du gouvernement indien, en juillet, de réduire drastiquement les droits d'importation sur l'or, les faisant passer de 15% à 6%, ce qui a permis de contenir l'impact de la hausse des prix.
La "croissance économique relativement saine" du pays par rapport au reste du monde est également évoquée comme facteur de résistance aux prix records par le CMO.
"La demande de bijoux de l'Inde, où l'affinité culturelle avec l'or est forte, pourrait rester importante" en 2025, estime Louise Street.
Le rapport met notamment en avant "la saison des mariages à venir" comme un facteur favorable à la reprise de la demande indienne de bijoux.
Mais, selon l'analyste, un "rebond de la demande mondiale de bijoux est peu probable en 2025" avec des prix qui battent des records en permanence.
