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Assurance chômage: gouvernement et partenaires sociaux reprennent leurs discussions

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La réforme de l’assurance chômage, conçue alors que le marché de l’emploi traversait une embellie, prévoyait un durcissement des règles. Depuis, la crise sanitaire est passée, et les syndicats espèrent que le gouvernement va lâcher du lest.

Présentée à l’été 2019 par l’ex Ministre du Travail Muriel Pénicaud, puis suspendue en raison de la crise sanitaire, la réforme de l’assurance chômage revient sur le devant de la scène. Les discussions avec les partenaires sociaux reprennent ce matin au ministère du Travail. Cette nouvelle concertation s’annonce tendue car la réforme a été conçue alors que le marché du travail connaissait une embellie, elle prévoyait donc un durcissement de certaines règles.

"Cette réforme quand elle a été présentée, la CFDT a dit qu’elle était injuste, il y avait 7% de chômeurs et l’activité économique était plus en forme. Aujourd’hui on pense qu’on va avoir 10% de chômeurs. L’idée n’est pas de serrer le kiki aux demandeurs d’emploi", a commenté Laurent Berger secrétaire général de la CFDT sur BFMTV.

Depuis, la pandémie a fait son œuvre, une vague de plans sociaux se profile et l'Unédic s’attend à une hausse du chômage indemnisé dans les prochains mois.

Les syndicats espèrent donc peser de tout leur poids pour que le gouvernement renonce à certaines mesures. A commencer par l’allongement de la durée d’affiliation pour l’ouverture des droits. Avant le 1er novembre 2019, et l’entrée en vigueur du premier volet de la réforme, il fallait avoir travaillé 4 mois au cours des 28 derniers mois pour bénéficier des allocations-chômage. La réforme vise à allonger cette durée à 6 mois pour ouvrir les droits à l’indemnisation. La dégressivité des allocations, qui s'appliquerait au 7ème mois d'indemnisation pour les plus hauts revenus, est également dans leur viseur.

Revoir le bonus-malus

Le rechargement des droits va aussi être le lieu d’âpres discussions. Actuellement il suffit de pouvoir justifier d’un mois d’activité pour repousser la durée d’indemnisation, la réforme veut relever ce droit à 6 mois. Autre sujet de tension : le calcul du "salaire journalier de référence (SJR)", qui sert de base à l'indemnisation. L'exécutif veut le réformer car il peut être actuellement plus favorable aux personnes alternant contrats courts et inactivité qu'à celles travaillant en continu. Les syndicats craignent que cela ne pousse encore plus dans la précarité les jeunes et les saisonniers.

Les discussions devraient aussi porter sur le bonus-malus, qui consiste à alourdir les cotisations de ceux qui abusent des contrats courts. Il est censé s'appliquer en mars 2021 sur la cotisation d'assurance chômage payée par les entreprises dans sept secteurs grands consommateurs de contrats courts et d'intérim (hébergement-restauration, agroalimentaire, transports...). Une mesure sur laquelle le patronat est opposé. La crise, qui frappe particulièrement ces secteurs, devrait lui donner de nouveaux arguments pour obtenir son abandon.

Coralie Cathelinais Journaliste BFM Éco