Amazon a 30 ans et Jeff Bezos n'a jamais été aussi riche

Jeff Bezos, PDG d'Amazon, participe au dîner d'État pour le Japon dans la salle Est de la Maison Blanche le 10 avril 2024 à Washington, DC. - AFP
L'âge de la maturité. 2024 est une année particulière pour Jeff Bezos. Le fondateur d'Amazon qui a laissé les rênes de son groupe à Andy Jassy en 2021 a fêté cette année ses 60 ans. Mais c'est aussi en ce mois de juillet que le géant mondial de la tech souffle ses 30 bougies.
Pour ces deux anniversaires symboliques, les investisseurs en Bourse ont fait un beau cadeau à Jeff Bezos: ils lui ont "offert" plus de 42 milliards de dollars depuis le début de l'année. Avec un patrimoine estimé à 219 milliards de dollars par Bloomberg, l'Américain n'a jamais été aussi riche. S'il n'est pas la première fortune mondiale (ce titre revient en ce mois de juillet à son grand rival Elon Musk), Jeff Bezos profite de la flambée du cours d'Amazon en hausse de près de 32% depuis le début de l'année.
Le géant du e-commerce et du cloud a franchi ces derniers jours la barre des 2.000 milliards de dollars de capitalisation boursière. Il rejoint ainsi un club très select qui ne comprend pour l'heure que cinq membres: Microsoft, Apple, Nvidia, Alphabet et lui-même.
Si l'histoire d'Amazon n'a pas toujours été un long fleuve tranquille, le temps de la jeunesse tumultueuse semble désormais passé. Fini l'époque des milliards de dollars de pertes annuelles, des campagnes de dénigrements, des appels au boycott ou des manifestations pour empêcher l'implantation d'un de ses entrepôts. Désormais le groupe fait partie du paysage, engrange des bénéfices records (plus de 30 milliards de dollars en 2023) et pourrait même prochainement distribuer des dividendes comme n'importe quel géant de Wall Street.
Publicité et IA, les relais de croissance
Ces dernières années, Amazon a changé de dimension et s'est surtout émancipé du e-commerce, une activité volatile soumise aux aléas de la consommation. Ainsi si la période du Covid lui a été largement profitable, les deux années qui ont suivi avec la poussée inflationniste ont été moins florissantes. Le groupe avait même du pour la première fois de son histoire procéder à des plans sociaux.
Mais Amazon a su ces dernières années faire ce qu'adorent les investisseurs: diversifier ses sources de revenus. Le e-commerce ne pèse ainsi plus que 40% de son chiffre d'affaires. AWS, la division cloud et véritable vache à lait du groupe, a frôlé les 16% en 2023, les market places près de 25% et surtout la publicité ne cesse de grimper avec plus de 8% de l'activité du groupe. Les utilisateurs d'Amazon Prime Video ont d'ailleurs pu le remarquer ces derniers mois avec l'omni-présence de vidéos publicitaires sur le service de vidéo.
Selon Bank of America, c'est la pub qui sera dans les années à venir le principal relais de croissance avec un montant des recettes qui pourrait atteindre 5 milliards de dollars en 2025, ce qui portera par ailleurs les marges du groupe.
Mais c'est l'intelligence artificielle générative qu'Amazon était attendu au tournant. Et là encore, après des début timides, le groupe de Seatle qui investit chaque année des sommes colossales (48,4 milliards de dollars en 2023) a su refaire son retard. Il a d'abord développé "Q", un chatbot qui permettra aux entreprises clientes d'AWS d'améliorer leur expérience. De quoi conforter son leadership mondial face à Microsoft avec 31% de parts de ce juteux marché.
Mais Amazon a surtout pris des billes dans Anthropic, une start-up de San Francisco fondée en 2021 par des anciens d'OpenAI et dont le modèle de langage Claude 3 commence à faire de l'ombre à la star GPT-4. Amazon y a investi 4 milliards de dollars et est aujourd'hui le mieux placé pour bénéficier des innovations d'Anthropic et les introduires dans ses services et ses assistants vocaux.
De quoi donc enchanter Wall Street dont la fièvre de l'IA ne retombe pas depuis l'arrivée fracassante fin 2022 de Chat-GPT. Une frénésie qui fait le bonheur de Jeff Bezos qui a beau se délester de millions d'actions Amazon pour financer son aventure spatiale (il en a vendu pour 13,5 milliards de dollars en 2024) voit sa fortune grimper à des niveaux records. Le milliardaire détient à ce jour toujours 912 millions d'actions, soit environ 8,8% d'Amazon.
