Acier, luxe, carburants pour avion... Les nouvelles sanctions contre la Russie se précisent

Après l'exclusion du réseau Swift des grandes banques russes, la réduction des deux tiers des importations d'hydrocarbures, les avoirs de centaines d'oligarques et personnalités russes gelés, la fermeture de l'espace aérien européen ou encore l'interdiction de l'exportation de produits de luxe et d'importation de l'acier russe, l'Europe s'apprête à prendre une cinquième salve de sanctions à l'encontre du pays de Vladimir Poutine.
Quels seraient les produits ciblés par l'UE? Selon des sources citées par CNBC, il s'agirait de l'acier, des carburants pour avions, de la location d'avions ainsi que des produits de luxe dont le commerce serait proscrit avec la Russie. Voilà le paquet de sanctions actuellement en discussion et qui devrait être tranché ce mercredi lors d'une réunion avec les représentants des 27 pays de l'Union.
Une partie des produits de luxe faisaient déjà l'objet de sanctions depuis le 15 mars. Les entreprises européennes ont l'interdiction depuis trois semaines déjà d'exporter des produits de luxe d'une valeur supérieure à 300 euros comme le caviar, les vins, les sacs à main ou encore les pierres précieuses ainsi que des véhicules (voitures, bateaux, avions...) d'un montant supérieur à 50.000 euros. Cela concernait toutes les marques exportatrices en Russie comme Porsche, Ferrari, Audi ou encore BMW... L'UE veut-elle aller plus loin et interdire l'ensemble des exportations de produits de consommation quelle que soit leur valeur?
Idem pour les produits sidérurgiques. Dans le précédent train de sanctions du 15 mars dernier, l'UE avait décidé de restreindre les importations de produits en acier "finis" pour un montant de 3,3 milliards d'euros. Ces sanctions pourraient donc être accentuées et être étendues à davantage de produits sidérurgiques.
Reste l'arme ultime pour asphyxier l'Etat russe: l'énergie. Au cours des trois premières semaines de conflit en Ukraine, l'UE a continuer d'acheter du gaz et du pétrole russe à hauteur de 16,8 milliards d'euros, soit 646 millions d'euros par jour selon le Centre for Research on Energy and Clean Air (Crea). Si les 27 ont depuis réduit leur dépendance au pétrole russe, ils continuent d'importer massivement du gaz et du charbon.
L'Allemagne rétropédale
Sur ce point, les Européens avancent en ordre dispersé. Si Emmanuel Macron s'est dit favorable ce lundi à un durcissement des sanctions concernant les importations de charbon et de pétrole suite au massacre de Boutcha, il n'a pas fait mention du gaz.
Ordre dispersé au sein même des gouvernements comme en Allemagne. Alors que la ministre allemande de la Défense Christine Lambrecht avait laissé entendre ce dimanche que l'UE devait envisager de couper le robinet du gaz, son collègue des Finances est monté au créneau pour rappeler la position officielle de la chancellerie qui reste inchangée.
"Nous devons mettre plus de pression sur Poutine et nous devons isoler la Russie - nous devons couper toutes les relations économiques avec la Russie, mais pour le moment, il n’est pas possible de couper l’approvisionnement en gaz", a insisté Christian Lindner sur CNBC.
Même frilosité du côté autrichien. Le pays qui importe 59% de son gaz naturel de Russie s'opposera à toute initiative communautaire en ce sens.
"Nous sommes très dépendants du gaz russe et je pense que toutes les sanctions qui nous frappent plus que les Russes ne seraient pas bonnes pour nous, a rappelé sur CNBC Magnus Brunner, le ministre autrichien des Finances. C’est pourquoi nous sommes contre les sanctions dans le pétrole et le gaz."
Sauf revirement de dernière minute, le nouveau train de sanctions européennes qui devrait être annoncé d'ici la fin de la semaine ne devrait pas avoir qu'un volet énergétique minimal.
