"12 milliards d'euros": la ministre Catherine Vautrin alerte sur les coûts de la censure

La ministre du Travail Catherine Vautrin à Angers le 3 janvier 2025 - Damien MEYER © 2019 AFP
La ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités Catherine Vautrin alerte samedi sur les coûts financiers de la censure que le gouvernement estime à 12 milliards d'euros tandis que le dérapage du déficit de la sécu pourrait grimper à "30 milliards" sans vote de son budget
"La censure a eu un coût considérable, qu'on peut estimer à 12 milliards d'euros. Réduire le déficit passera par des économies et par le travail, règle que l'État va s'appliquer", réaffirme-t-elle dans un entretien paru dans le JDD.
Une baisse de la croissance d'environ 0.3 points
Dans une interview sur BFMTV ce vendredi, le ministre de l'Economie Eric Lombard avait mis en avant ce même ordre de grandeur. Selon Eric Lombard, la censure a entraîné "une baisse de la croissance" d'environ 0,3 point de PIB "parce que l'incertitude génère un arrêt des investissements, des recrutements, et cela on pense que c'est de l'ordre de 6 milliards d'euros". Il a ensuite évoqué "6 milliards d'euros de perte de recettes, de mesures qui n'ont pas pu être prises" car le budget de l'Etat n'a pu entrer en vigueur au 1er janvier.
Dans son entretien au JDD, Catherine Vautrin a également agité le risque d'un dérapage du déficit de la Sécurité sociale en cas de nouvelle censure. Le gouvernement Barnier était tombé sur le vote du projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS).
"Nous sommes au mois de janvier, sans budget et sans loi de financement de la Sécurité sociale. (...) Sans PLFSS, la menace de déficit est de 30 milliards d'euros pour la Sécurité sociale", a déclaré Catherine Vautrin.
Les aides à l'apprentissage rabotées
Le Haut conseil du financement de la protection sociale (HCFiPS) avait calculé en décembre que sans les mesures prévues dans la version Barnier du projet de loi de financement de la Sécurité sociale 2025, le déficit repartirait vers 28-30 milliards.
Pour financer les économies mais aussi des nouvelles mesures, Catherine Vautrin évoque des économies de "1,2 milliard d'euros" sur les aides à l'apprentissage ou le transport médical.
La ministre a évoqué en outre une mesure, votée en novembre par le Sénat dans le PLFSS, pour faire travailler tous les actifs sans rémunération pendant sept heures de plus chaque année, pour financer le secteur de l'autonomie.
Les sénateurs "proposent de travailler sept heures de plus dans l'année, soit dix minutes de plus chaque semaine. Cette mesure peut, en 2025, générer deux milliards d'euros de recettes fléchées vers les dépenses sociales", a déclaré Catherine Vautrin.
Globalement "dans la première version du budget, l'État réalisait 59% des économies ; nous sommes désormais à environ 65% pour l'État et ses opérateurs", a indiqué Catherine Vautrin citant des postes comme "les achats" ou "les dépenses de fonctionnement des agences".