Nice: ce que l'on sait sur l'enquête pour agressions sexuelles et outrages sexistes au lycée Sasserno

Le lycée Sasserno, à Nice. - BFM Nice Côte d'Azur
Près de cinq mois après le déclenchement de l'affaire, les investigations se poursuivent au sein du lycée Sasserno, à Nice. En octobre dernier, une enquête des chefs d'"agressions sexuelles", "tentatives d'agressions sexuelles" et "outrages sexistes par personnes abusant de l'autorité de ses fonctions", en lien avec des faits qui se seraient déroulés au sein de l'établissement, a été ouverte par le parquet et confiée à la Sûreté de Nice.
BFMTV.com fait le point sur ce que l'on sait aujourd'hui de cette affaire, qui secoue ce lycée privé et catholique.
• Trois personnes visées
Tout est parti de lettres de dénonciation, pour certaines anonymes, et pour d'autres signées par d'anciens et d'actuels membres du personnel.
Elles visent le proviseur de l'établissement -à qui l'on reproche notamment sa "mauvaise gouvernance"-, ainsi que deux autres personnes. La tenue de propos à caractère sexuel et des faits de harcèlement sexuel sont également pointés du doigt.
Le rectorat confirme avoir reçu un courrier anonyme au mois de novembre. Il "émanait d'une plaignante qui dénonçait des faits d'une gravité importante, indique Lilia Parisot, porte-parole. Notre rectrice Natacha Chicot, du fait de la gravité des faits, a immédiatement saisi le parquet en vertu de l'article 40".
• Le témoignage des élèves
Des témoignages recueillis par BFM Nice Côte d'Azur tendent à confirmer le contenu des lettres de dénonciation. Une lycéenne fait ainsi état de "propos extrêmement déplacés" sortis de la bouche du proviseur.
"En début d'année, il avait fait le lien entre la tenue des filles et le viol", pointe-t-elle tout d'abord.
Elle remarque également que des miroirs ont été placés dans les toilettes. "C'est nouveau. Ça date de cette année. Il disait: 'Les filles, regardez-vous bien dans le miroir pour vous faire belles'. C'était perturbant à entendre", prolonge-t-elle.
Une autre lycéenne ne dit pas autre chose: "Il a fait des sous-entendus à des BTS, en disant qu'elles devaient venir chez lui parce qu'il avait un grand lit. Il a déjà fait des commentaires sexistes, en disant par exemple à ma sœur que le sport qu'elle faisait, de la boxe, n'était pas un sport pour les filles".
• Le proviseur mis à pied
L'Institution Sasserno étant un lycée privé sous contrat, la charge de mener une enquête administrative revient au diocèse. Et puisque l'affaire a pris de l'ampleur après les révélations de France 3 Provence-Alpes-Côte d'Azur, ce dernier a réagi par voie de communiqué le 1er mars.
"La DDEC (Direction diocésaine de l’enseignement catholique) a été informée d’un certain nombre de faits préoccupants au sein de l’établissement Institution Sasserno de Nice. Un signalement a immédiatement été effectué au procureur de la République de Nice", rapporte le diocèse.
L'évêché précise que le proviseur a été entendu et que "les mesures nécessaires ont été prises afin de garantir le bon fonctionnement de l’établissement, tant pour les élèves que pour les personnels de l’Institution Sasserno," à savoir la mise à pied du responsable de l'établissement.
Et d'ajouter qu'il ne s'agit que d'"une simple mesure conservatoire dépourvue de tout caractère disciplinaire", et qu'elle "s’inscrit dans le cadre des procédures en cours et dans le respect des droits de chacun".
• Des auditions menées au mois de février
Toujours dans son communiqué, le diocèse ajoute qu'une visite de tutelle extraordinaire a été diligentée au sein du lycée Sasserno, "à la suite d'autres informations complémentaires", dont la nature n'est pas spécifiée.
"Elle s’est tenue les 7 et 8 février derniers et toutes les personnes qui le souhaitaient ont été reçues ; plus de 60 personnes ont ainsi été auditionnées", fait savoir l'évêché.
Selon les informations de nos confrères de Nice-Matin et de France 3 Provence-Alpes-Côte d'Azur, une grande partie des élèves et du personnel a défendu les personnes mises en cause. Les témoins voient en ces lettres "une vengeance, une cabale pour faire dégager le chef d’établissement".
L'avocat de ce dernier, Philippe Soussi, indique à BFM Nice Côte d'Azur qu'il n'a pas de commentaires à faire sur l'enquête ouverte, mais tient à rappeler "un principe fondamental: la présomption d’innocence".