"Je suis tombée dans les pommes": asphyxiée par un élève, cette lycéenne niçoise a frôlé le drame

"Un des garçons a pu serrer son bras autour de mon cou et je suis tombée dans les pommes". Il y a plus d'un an, Charlotte, a été victime d'une dangereuse pratique répandue chez les adolescents qui consiste à asphyxier momentanément un camarade, au lycée de l'institution catholique Stanislas à Nice.
On appelle notamment ce "jeu de la tomate", aussi appelé "black out challenge". La plupart de ceux qui y participent en sortent indemnes, mais Charlotte souffre aujourd'hui d'importantes séquelles, comme le rapportait récemment France Bleu.
Auprès de BFM Côte d'Azur, la jeune fille raconte le jour où sa vie a basculé: "Il y avait plein de gens qui criaient que ce n'était rien, que je devais le faire, que c'était ok, qu'il n'allait rien m'arriver", explique-t-elle, précisant qu'elle a commencé à être asphyxiée sans que ses camarades n'aient attendu sa réponse.
"On nous dit 'débrouillez-vous'"
Depuis, Charlotte, souffre de troubles anxieux qui se manifestent par des crises d'angoisse et des évanouissements et qui s'amplifient en présence de ses agresseurs. L'adolescente a en effet dû continuer à les côtoyer en classe, placée à seulement quelques mètres d'eux. Elle commence aussi à subir un harcèlement lié directement à l'asphyxie qui lui a été infligée.
"Il y en a un qui est arrivé un jour et il m'a dit 'alors, ça fait quoi d'être étranglée'", raconte Charlotte.
Deux adolescents ont été finalement renvoyés respectivement une semaine et deux semaines. Pour les parents de l'adolescente, la sanction est inadaptée. Ils dénoncent un manque d'action de l'établissement: "On leur donne l'enfant le matin et le soir, on la retrouve abîmée, et rien n'est fait pour qu'elle ne soit plus abîmée. Rien. On nous dit 'débrouillez-vous'", dénonce la mère de la lycéenne.
"Les jeunes de Stanislas et leurs familles sont régulièrement informés de la dangerosité de ces 'jeux' promus sur les réseaux sociaux et de leurs conséquences souvent dramatiques", assure Bernard-Emmanuel Faivre, directeur de l'institution Stanislas de Nice, qui comprend une école primaire, un collège, un lycée et une classe prépa.
"L'institution Stanislas condamne fermement ces pratiques et met un point d'honneur à les sanctionner systématiquement", souligne-t-il.
Une plainte contre l'établissement
Une plainte a été déposée et la justice a condamné l'auteur de l'étranglement à un stage de citoyenneté comme alternative aux poursuites. Une plainte a aussi été déposée contre l'établissement mais jusqu'à aujourd'hui, aucune avancée n'a été constatée. L'établissement dit ne pas avoir pris connaissance de cette plainte. Pourtant, dans le processus de guérison de Charlotte, il est crucial qu'elle soit reconnue comme victime.
"Si ça dure encore comme ça, qu'on fait le yo-yo, un coup on a des informations et puis un moment il y a plus d'infos, puis à nouveau une audition... Si ça se passe comme ça encore pendant des mois, ça va être terrible", insiste son père.
Devant le lycée Stanislas, BFM Côte d'Azur a interrogé des élèves: peu d'entre eux sont au courant de l'affaire. Parmi ceux qui le sont, certains assurent que Charlotte était consentante et minimisent l'agression.
"Peut-être que certaines personnes pensaient qu'elles en faisaient un peu trop et c'est pour ça qu'ils se moquaient d'elle, j'imagine", suggère une lycéenne rencontrée.
Charlotte a réalisé sa rentrée 2024 dans un nouvel établissement et a fini son premier trimestre avec 16 de moyenne.