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Évasion à la caserne Auvare de Nice: les conditions de sécurité dans les CRA pointées du doigt

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Huit des neuf personnes qui se sont évadées du centre de rétention administrative (CRA) à la caserne Auvare de Nice le dimanche 1er décembre sont toujours recherchées ce mercredi.

Deux jours après l'évasion au centre de rétention administrative (CRA) à la caserne Auvare de Nice le dimanche 1er décembre, huit des neuf fuyards sont toujours recherchés.

"On la rafistole"

Le parquet de Nice a décrit ce lundi les circonstances de cette évasion. L'un des retenus a fait une brèche pour accéder aux combles du bâtiment. L'évasion a été réalisée à partir d'une chambre, qui accueillait six personnes, dans laquelle "une paroi métallique protégeant le plafond d'un local était tordue puis un trou réalisé", précise Damien Martinelli, procureur de la République de Nice, dans un communiqué.

Depuis le toit du bâtiment, les neuf individus ont atteint le filet anti-projection "à l'aide de draps" puis ont réussi à accéder à la voie publique.

Le représentant local du syndicat Alliance déplore au micro de BFM Nice Côte d'Azur l'état de délabrement du CRA.

"C'est une caserne qui date du début du siècle, on la rafistole avec les budgets du moment. Visiblement, ce n'est pas suffisant. On a également un manque criant d'effectifs. Vous avez ce soir-là, une quarantaine d'individus pour neuf fonctionnaires", regrette Laurent Alcaraz.

Une enquête administrative en cours

Un des évadés a été interpellé peu après le début de la fuite. Les huit autres retenus sont âgées de 23 à 31 ans, de nationalité tunisienne, algérienne et libyenne.

Cinq sont des sortants de détention après avoir purgé une ou plusieurs peines pour des faits délictuels de droit commun et trois sont des sortants de mesure de garde à vue également pour des faits délictuels de droit commun, rappelle le parquet.

Aucun n'est suivi pour radicalisation. Une enquête administrative sur les circonstances de ces faits est par ailleurs diligentée. L’ensemble des évadés fait l’objet d’une diffusion au fichier des personnes recherchées et de recherches actives.

Nice n'est pas une exception

Ces derniers mois, Nice n'est pas le seul CRA de France à subir de telles évasions, c'est aussi le cas à Oissel (Seine-Maritime), Lille-Lesquin (Nord), Sète (Hérault) ou à Marseille. En 2023, 67 personnes se sont échappées de divers centres de rétentions administratives qui retiennent au total près de 17.000 retenus.

"Ces centres de rétention ont été édifiés dans des locaux qui étaient pré-construits et qui ne servaient pas à ça. Peut-être qu'à terme, il faudra construire des CRA très sécurisés pour des gens qui sortent de prison et puis les distinguer des CRA pour les étrangers qui simplement sont placés sous une obligation de quitter le territoire", estime Michel Auboin, ancien préfet et inspecteur général de l'administration.

Le gouvernement souhaite créer de nouveaux CRA et passer de 1.900 à 3.000 places d'ici à 2027. La ville de Nice espère en voir un nouveau, à côté de l'aéroport. "Mais c'est comme les maisons d'arrêt, tout le monde en veut, mais pas chez soi", tacle le délégué départemental Alliance Police nationale dans les Alpes-Maritimes.

Christian Estrosi, maire de Nice a rappelé qu'il était favorable à ce projet dans un tweet publié ce lundi sur X.

Vers un deuxième CRA?

Le député UDR de la 1re circonscription des Alpes-Maritimes, Éric Ciotti réclame par ailleurs la création d'un second centre de rétention administrative, considérant que les quarante places disponibles à la caserne sont trop faibles. Alexandra Masson, députée RN de la 4e circonscription des Alpes-Maritimes l'a également appelée de ses vœux à l'antenne de BFM Nice Côte d'Azur ce mercredi.

"Les locaux sont obsolètes, dégradés, ça fait bientôt quinze ans que l'on entend qu'un nouveau CRA d'au moins une centaine de places doit ouvrir dans le département, chaque commune se renvoie la balle, je crois que l'État doit maintenant préempter un terrain", appuie-t-elle.

Arthur Descudet, Maxime Cliet Ruzza et Cédric Adam avec Florent Bascoul