BFM Côte d'Azur
Cote dAzur

Enlèvement et séquestration à Vallauris: prison à perpétuité pour l'un des auteurs en fuite, deux autres condamnés

placeholder video
La cour d'assises des Alpes-Maritimes a condamné ce jeudi 6 février à la réclusion criminelle à perpétuité Fayçal A. jugé avec deux coauteurs pour l'enlèvement et la tentative d'assassinat d'un homme en 2021 à Vallauris. Un mandat d'arrêt a été émis contre l'homme en fuite.

Jugé à Nice pour enlèvement, séquestration, tentative d’assassinat, violences avec armes et recel de vol, Fayçal A a été condamné ce jeudi 6 février par la cour d'assises des Alpes-Maritimes à la réclusion criminelle à perpétuité avec une période de sûreté fixée aux deux-tiers. Un mandat d'arrêt a été émis contre cet homme qui s'était évadé du tribunal correctionnel de Grasse en septembre 2024.

Jugés pour les mêmes faits, deux coauteurs, Omar S. et Rui Filipe F., tous deux déjà connus des services de police, ont été condamnés respectivement à des peines de 25 ans et 22 ans de réclusion criminelle.

Ces trois hommes étaient jugés pour l’enlèvement et la séquestration de Salim, en octobre 2021. La victime avait été enlevée à son domicile de Vallauris, battue et conduite de force dans un secteur isolé de Saint-Cézaire-sur-Siagne. Salim était finalement parvenu à s’échapper avant d’être retrouvé par les gendarmes.

Pour les avocats de la victime, la peine est adaptée au regard de la violence des faits. La mère d'un des condamnés, Rui Felipe, est sortie en pleurs de la salle d'audience après le prononcé du verdict.

Le parquet avait requis 25 ans de réclusion criminelle pour Fayçal et Omar et 22 ans pour Rui Filipe F. avec une période de sûreté des deux tiers et des interdictions de port d'armes et d'éligibilité pendant dix ans.

Demande d'acquittement ou de peine plus douce

Me Christelle Valdajos Sarti, qui assurait la défense de Rui Filipe F. a contesté l'intention de son client de tuer et a tenté de minimiser les faits. "Si on a l’intention de tuer, on ne prend pas autant de risques. On aurait mis le feu, on aurait utilisé une arme à feu. On ne laisse pas la victime vivante au matin". Selon elle, les accusés ont voulu donner une leçon à Salim, pas le tuer. Elle avait demandé une requalification des faits, dénonçant une peine disproportionnée de 22 ans requise, soit l’âge de son client.

"À aucun moment depuis le début du procès, on a parlé de présomption d’innocence. J’ai eu le sentiment d’une culpabilité évidente, sans discussion", s'est émue de son côté lors du procès Me Emmanuelle Vial, avocate d'Omar S, qui a contesté la thèse du procureur.

"Omar S. a-t-il été là ce soir-là? Oui. Mais a-t-il participé à l’enlèvement? À la séquestration? À la tentative de meurtre? Rien ne permet de l’affirmer avec certitude. Alors, pourquoi le condamner sur des supposition?". L'avocate demandait l’acquittement de son client sur l’accusation de tentative d’assassinat, plaidant au minimum une requalification des faits.

Des protagonistes issus du même quartier

Le procès, qui aurait dû s’achever ce vendredi, a été marqué par l’absence de nombreux témoins à la barre. La victime elle-même était absente et uniquement représentée par ses avocats. Tous les protagonistes sont issus du même quartier de la Zaine à Vallauris, un environnement où règne la loi du silence.

L'enlèvement violent avait eu lieu dans la nuit du 13 octobre 2021. Salim, 35 ans, avait été enlevé à son domicile à Vallauris par trois hommes armés et encagoulés. Conduit de force dans une Porsche Macan jusqu’à un secteur isolé de Saint-Cézaire-sur-Siagne, il avait été ligoté à un poteau avec des serflex et avait entendu ses ravisseurs parler de le brûler.

Par un instinct de survie, il était parvenu à se libérer, jeter les clés du véhicule dans la rivière et s'était caché pendant des heures dans l’eau glacée. Il avait été retrouvé par ses ravisseurs avant d'être finalement retrouvé et pris en charge par les gendarmes. Blessé, il avait bénéficié d’un mois d’interruption temporaire de travail (ITT).

Le mystère du mobile du crime

Sur place, les enquêteurs avaient découvert un sac contenant de l’acide chlorhydrique, de l’acétone, un marteau, des serflex, des cagoules et des gants, laissant supposer une volonté d’éliminer la victime ou de faire disparaître son corps. Le mobile du crime reste incertain. Une dette de 10.000 euros liée à des montres de luxe ou encore un différend autour de la vente d’un scooter et de stupéfiants ont été évoqués.

Le procureur a souligné la "violence exceptionnelle" dans cette affaire et a insisté sur la dangerosité des accusés, évoquant leurs condamnations passées et leur comportement en détention. "Sur l’échelle de l’horreur, on est assez haut", a-t-il résumé lors du procès.

"Ces hommes n'ont pas simplement voulu faire peur. Ils ont préparé leur coup, ils ont réfléchi à comment ils allaient s’y prendre et ont laissé Salim pour mort. Il est en vie aujourd’hui uniquement parce qu’il a eu la force de s’enfuir", a-t-il encore estimé.

Manon Aversa avec Florent Bascoul