Crash d'un hélicoptère à Villefranche-sur-Mer: la présence d'alcool et de plusieurs drogues dans le sang du pilote confirmée

Une nouvelle avancée dans l'enquête. Ce vendredi 24 novembre, le Bureau d'enquête et d'analyses (Bea) de l'aviation civile a conclu que le pilote de l'hélicoptère privé, qui s'était crashé sur les hauteurs de Villefranche-sur-Mer (Alpes-Maritimes) le 25 novembre 2022, pilotait l'appareil alors qu'il avait dans le sang des traces de THC, de CBD et d'alcool.
Le 3 novembre dernier, un autre rapport concluait que le pilote avait consommé de la cocaïne avant le vol, ce qui a pu entraîner une erreur de pilotage fatale aux deux hommes.
Le pilote n'était pas formé à voler dans ces conditions météorologiques
Le pilote, âgé de 35 ans, travaillait pour Monacair depuis un an. Il "connaissait très bien la zone", avait indiqué l'an passé la société monégasque à BFM Nice Côte d'Azur. L'homme avait été formé dans la région Provence-Alpes-Côte d'Azur.
Selon les conclusions du rapport de la BEA, la présence d'une brume marine a altéré sa visibilité.
"Après la descente vers Nice, alors qu'il approchait de la côte, le pilote s’est retrouvé confronté à ce phénomène local de brume de mer, centré sur le col d’Èze situé entre Nice et Monaco. Ce phénomène météorologique, bien que soudain, est connu de la plupart des personnes qui, comme lui, résident dans la région", pointe le Bureau d'enquête.
Cependant, toujours selon le rapport, l'homme "n'était pas qualifié pour le vol aux instruments et qu'il était peu formé à évoluer en conditions de vol sans visibilité". À ce moment-là, il a réduit sa vitesse face à ce danger tout en poursuivant son cap avant d'entrer dans les nuages. Une décision qui lui a fait perdre "toutes les références visuelles extérieures", ajoutent les experts.
Le raisonnement du pilote "possiblement altéré" par la drogue
Néanmoins, "l'analyse topographique et météorologique" a indiqué qu’il aurait été "possible d'éviter les nuages présents autour du site de l’accident en contournant aisément par Nice à l’ouest ou en virant à l’est pour rester au nord des reliefs accrochés par les nuages".
Selon le bureau d'enquête, "il est possible que la faculté de raisonnement du pilote ait été altérée par la consommation de drogue".
Ensuite, l'homme a incliné plusieurs fois l'appareil et a "agi de manière impulsive sur les commandes du vol", précisent les experts. Après cela, lui et son passager ont réussi à retrouver "furtivement" la vue du sol. Mais le pilote a "cabrer sur la commande de pas cyclique" avant d'entrer en collision avec le sol, "parallèle à la pente de la montagne".
Des tests salivaires "négatifs" au moment de son recrutement
Après avoir détaillé les circonstances du crash, le rapport des experts s'est attelé à connaître le comportement du pilote. Notamment sa consommation de stupéfiants. Selon les experts, il était "un usager caché installé dans l’usage transgressif répété de cocaïne dans les mois précédant l’accident".
Ce qui a entraîné une "dégradation inexorable de leurs capacités", qui contraste avec "le maintien d’une haute estime de soi qui les empêche de prendre conscience de leurs véritables limites".
Les experts écartent en revanche une négligence de la part de son employeur, Monacair. "Le pilote avait notamment été soumis à des tests au moment de son recrutement qui s’étaient révélés négatifs", expliquent le Bureau d'enquête et d'analyses (Bea).
Enfin, le rapport évoque le manque de formation aux risques d'entrée dans une couche nuageuse, le faible temps d'entraînement, l'altération des capacités engendrée par la drogue et enfin, le port de lunettes de soleil.
La société Monacair condamne le comportement du pilote
De son côté, la société Monacair, dont le pilote était salarié, a tenu à condamner "fermement la prise de substances illicites par le pilote". Elle indique dans un communiqué de presse que cette pratique va à "l'encontre des valeurs de l’aéronautique et de Monacair". Le président-directeur général du groupe, Remy Bouysset, s'est dit "choqué et en colère".
"La sécurité est notre priorité N°1. Piloter est un choix de vie, et est incompatible avec la prise de n’importe quelle substance illicite. Je pense aujourd’hui à la famille du passager, ainsi qu’à celle du pilote", martèle le PDG.
Elle assure que, le pilote, avait été "formé lors de son embauche à la prévention sur l’alcool et les stupéfiants". Désormais, elle indique qu'elle "continuera de contribuer à l'avancée de l'enquête" et qu'elle s'associera à "toute initiative ou réflexion permettant de renforcer encore davantage la sécurité des vols et des passagers".
Enfin, Monacair prévient qu'elle entend "renouveler son profond soutien à l’égard de la famille du passager tragiquement décédé".