Caméras de surveillance à Breil-sur-Roya: victoire pour la ville, la demande du militant Cédric Herrou rejetée

Cédric Herrou le 18 mai 2018 - Loïc Venance-AFP
Le militant défenseur des migrants Cédric Herrou a été débouté mercredi 14 août par le tribunal administratif de Nice, auquel il demandait en urgence de suspendre l'installation de caméras de surveillance dans son village de Breil-sur-Roya, à la frontière italienne, en l'absence d'autorisation préfectorale.
Saisi en référé, le tribunal a estimé dans une décision rendue en fin d'après-midi qu'il n'y avait pas urgence à intervenir, dans la mesure où Sébastien Olharan, le maire LR de ce village de 2.200 habitants, avait assuré à l'audience dans la matinée que les caméras n'étaient pas encore en service et qu'une procédure d'autorisation était en cours à la préfecture.
"Fort de ce premier jugement, et dans l'attente du jugement au fond, la mairie va continuer son projet. Dès les travaux réceptionnés et les autorisations de la préfecture obtenues, le système de vidéoprotection sera mis en service", a indiqué dans un communiqué le maire.
2.000 euros d'amende à la commune
En juin, Sébastien Olharan avait pourtant annoncé dans une vidéo sur les réseaux sociaux qu'une dizaine des quelque 40 caméras prévues, conformément à une promesse faite lors de son élection en 2020, étaient déjà installées et "en état de fonctionnement".
Et à l'audience, le juge avait demandé à l'avocate de Cédric Herrou de ne pas exposer ses arguments sur le caractère d'urgence de la requête, assurant qu'elle était établie.
Condamné à verser 2.000 euros à la commune au titre des frais de justice, Cédric Herrou a déclaré à l'AFP qu'il restait persuadé que les caméras fonctionnaient déjà et évoqué un possible pourvoi en Cassation s'il trouve l'argent nécessaire. Parallèlement, une procédure sur le fond est également en cours.
"Je ne suis pas contre les caméras, il y en a dans les supermarchés, sur les ponts, dans les tunnels", avait expliqué après l'audience le militant à l'origine de la reconnaissance en 2018 par le Conseil constitutionnel du "principe de fraternité", consacrant une liberté d'aider, y compris les migrants "dans un but humanitaire".
"Mais une caméra, cela touche aux libertés publiques et ce n'est pas un jouet. Il faudrait que le maire fasse ça dans les règles", avait-il insisté.
Un gaspillage d'argent public
Dans le hall du tribunal, le maire et le militant, qui s'invectivent régulièrement sur les réseaux sociaux et doivent se retrouver pour cela le 29 août devant le tribunal correctionnel, ont vivement débattu de l'intérêt de ces caméras.
Pour Cédric Herrou, ce projet, qui prévoit une caméra pour 55 habitants, constitue un gaspillage d'argent public dans une commune qui manque d'infrastructures pour les jeunes et où la délinquance se limite essentiellement à des violences intrafamiliales.
Mais Sébastien Olharan a évoqué des incivilités, des vols ou des dégradations, contre lesquels les caméras pourraient avoir un effet dissuasif. Il a aussi cité plusieurs petites communes du département disposant d'un réseau de caméras plus dense que son projet. "Si vous estimez qu'on doit avoir d'autres priorités, présentez-vous aux élections", a conclu le maire.