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Alpes-Maritimes: un maire refuse de changer le nom d'un stade baptisé d'après un collaborateur de Vichy

La mairie de Blausasc (Alpes-Maritimes) en 2015.

La mairie de Blausasc (Alpes-Maritimes) en 2015. - BFMTV

L'homme qui a donné son nom à l'équipement était un proche de Philippe Pétain et a participé au régime de Vichy.

Il était un proche du maréchal Pétain. Malgré sa participation effective au régime de Vichy et sa condamnation à la Libération, Joseph Merceron-Vicat, industriel cimentier, a donné son nom au stade municipal de la commune de Blausasc, inauguré en 2012.

Une information rapportée par nos confrères de Nice Matin. Aujourd'hui, ceux qui ont déterré ces informations et les ont mises au jour, réclament qu'il soit changé. Une demande à laquelle refuse catégoriquement d'accéder le maire (Les Républicains) Michel Lottier, qui dénonce l'anonymat des "lanceurs d'alerte".

Membre du Conseil national

Ces derniers ont mis au jour le passé de l'industriel, frappé à vie du sceau de l'indignité nationale après la Seconde Guerre mondiale. Condamné à dix ans de prison avant de voir sa peine réduite à trois ans, Joseph Merceron-Vicat a ainsi été membre du Conseil national. Une "assemblée consultative" instaurée en 1941 par le régime de Vichy, et dont les membres étaient désignés par le maréchal Pétain lui-même.

L'industriel était également membre de l'ordre de la Francisque, une distinction créée par le gouvernement collaborationniste, et que d'aucuns recevaient "en tant que marque spéciale d'estime à Philippe Pétain". Des éléments historiques qui indiquent sans aucun doute le rôle qu'il a joué sous l'Occupation.

Une figure de la région

L'implantation à Blausasc de l'entreprise familiale de ciment Vicat, dirigée lors de son installation en 1923 par Joseph Merceron-Vicat, est importante. L'exploitation des terrains par la société a permis au village de prospérer économiquement en pourvoyant notamment un grand nombre d'emplois. Et c'est pourquoi le stade municipal a été nommé ainsi par le conseil municipal de l'époque.

Comme le rappelle Nice-Matin, plusieurs personnalités politiques étaient d'ailleurs présentes lors de son inauguration, dont l'actuel maire de la commune, le désormais député des Alpes-Maritimes Eric Ciotti ou encore le prince Albert II de Monaco, l'équipement étant alors le stade officiel de l'AS Monaco rugby club.

Pas question de modifier le nom

En dépit des arguments historiques avancés, Michel Lottier se refuse, pour le moment, à remettre en question le nom donné à l'équipement municipal. "Je ne connais aucun élément de l'histoire. Je suis un retraité de la police, j'aime la vérité. On ne donne pas les preuves mais on veut couper la tête à quelqu'un. Ce n'est pas beau. C'est une France de merde dans laquelle on vit. On vit dans un monde de délation gratuite", a-t-il déclaré à BFMTV.com.

L'édile se borne a dénoncer et à ironiser sur l'anonymat de ceux qui ont révélé le passé controversé de l'industriel. "Ma France, c'est celle du courage. Pourquoi m'ont-ils écrit de manière anonyme? Je n'ai rien contre personne, j'en ai après les anonymes. Le stade, je vais l'appeler stade anonyme", a-t-il plaisanté.

L'élu se dit toutefois prêt à examiner les preuves, pour peu qu'on lui les fasse parvenir. "Je ne dis pas que ces faits n'ont pas existé, mais je ne dispose d'aucun écrit, aucun papier. Je ne suis pas contre étudier les dossiers. Lorsqu'on me donnera les papiers, je les étudierai et j'étudierai leur véracité avec mon conseil municipal."

Sarah Boumghar