BFM DICI
bfmdici

Voie olympique de Serre-Chevalier: le département a avancé 1,2 million d’euros, sera-t-il remboursé?

La RD1091 sur laquelle pourrait être créée une "voie olympique" pour les JO de 2030.

La RD1091 sur laquelle pourrait être créée une "voie olympique" pour les JO de 2030. - BFM DICI

Alors que le CIO exige la création d'une voie olympique dans le Briançonnais, le conseil départemental des Hautes-Alpes a avancé la somme de 1,2 millions d'euros pour réaliser une étude de faisabilité. Le remboursement de cet investissement interroge.

C’est une avance qui fait grincer beaucoup de dents. 1,2 millions d’euros ont été investis par le conseil départemental des Hautes-Alpes pour réaliser une étude des sols et de faisabilité pour lancer le projet de voie olympique dans le Briançonnais.

L’objectif: créer une voie réservée aux transports en commun pour répondre à l’exigence du comité international Olympique (CIO), qui souhaite "matérialiser une voie de circulation dédiée aux athlètes, aux staffs et aux opérateurs télé" lors des Jeux Olympiques d’hiver qui auront lieu, en partie, dans le Briançonnais du 1er au 17 février 2030.

Le Comité d'Alerte confie son inquiétude

Pour Stéphane Faure-Brac, Briançonnais et membre du Comité d'Alerte sur l'Organisation des JOP 2030, qui s’oppose à l’organisation des Jeux olympiques d’hiver de 2030, les problèmes sont multiples.

"Nous sommes inquiets car le département a décidé seul d’engager 1,2 millions d’euros avant même d’être sûr que les JO soient obtenus et que la Solideo soit créée", déplore-t-il

"Ils espèrent se faire rembourser, mais dans ses statuts et dans la Convention signée avec le département et la ville de Briançon, la Solidéo ne s’engage pas du tout à rembourser ce qui a été commandé en amont. La délégation pour travaux signée n’inclut pas d’effet de prise en charge rétroactive sur des factures qui ne sont pas de son ressort", indique Stéphane Faure-Brac à BFM DICI.

En clair, le conseil départemental des Hautes-Alpes, qui a décidé d’avancer 1,2 million d’euros à l’Etat qui finance en grande partie la Solideo, pourrait ne pas être remboursé pour des raisons juridiques, selon Stéphane Faure-Brac.

Le département "pas inquiet" pour le remboursement

Contacté par BFM DICI, le vice-président du Conseil Départemental en charge des routes, Marcel Cannat, explique que cet investissement de 1,2 millions d’euros était nécessaire.

"La Solideo n’est pas équipé, ni administrativement, ni techniquement (…). Il s’agit de ne pas s’y prendre trop tard, pour créer un héritage des Jeux afin de fluidifier le trafic routier dans la vallée de la Guisane, en partenariat avec la communauté de Communes du Briançonnais et la Solideo", détaille-t-il.

Devant les élus, le président du Conseil départemental Jean-Marie Bernard a de son côté assuré que la Solideo "remboursera les 1,2 millions d’euros" engagés "pour son compte", lors de la session du 24 juin dernier.

Pour Marcel Cannat, il s’agit d’aller vite pour ne pas oublier les autres projets routiers. "Nous allons chiffrer et rendre notre dossier d’avant-projet sommaire à la Solideo pour obtenir un retour sur investissement", affirme-t-il.

"Au plus tôt nous rendons notre copie, au plus tôt nos équipes pourront travailler sur la RD 1075, également concernée par les Jeux, la RD1091 (axe Isère-Briançon) ainsi que la RD942", ajoute Marcel Cannat, qui assure ne pas être "inquiet sur le remboursement de la Solidéo".

Des doutes sur l'utilité de l'aménagement

L'élu Marcel Cannat admet tout de même que des incertitudes subsistent concernant le budget de la Solideo. "Au moment où on entend qu’il faut faire 43 milliards d’économies, on peut se demander si la Solideo va avoir l’argent qu’elle a demandé, mais je crois que l’Etat a bien compris l’enjeu, la venue récente et les mots du premier ministre l’ont prouvé, autant faut-il qu’il reste en place…", espère-t-il.

Si la voie spéciale olympique est adoubée par la quasi-totalité des maires du Briançonnais, au premier rang desquels Arnaud Murgia, maire de Briançon et président de la communauté de communes du Briançonnais, nombreuses aussi sont les oppositions au projet.

L’absence d’étude publique démontrant l’intérêt réel de la voie olympique pour fluidifier le trafic tout au long de l’année pose question. Pour Stéphane Faure-Brac, fervent opposant au projet, l'aménagement n’a aucun sens, dans un contexte d’embouteillages épisodiques, sur des périodes d’affluence touristique limitées dans le temps.

"Nous n’avons pas vu d’étude qui garantisse qu’on n'ait plus d’embouteillages. Il y a des entonnoirs du côté de Monetiers-Les-Bains et du côté de Briançon, des dessertes transversales à respecter... Comment la voie olympique pourrait-être utile à fluidifier le trafic dans ces conditions?", questionne-t-il.

Jérémie Cazaux