JO d'hiver 2030: le bras de fer politique continue autour du projet de "voie olympique" dans le Briançonnais

La RD1091 sur laquelle pourrait être créée une "voie olympique" pour les JO de 2030. - BFM DICI
Alors que les études du tracé sont en cours pour réaliser le projet déjà approuvé à la majorité par les élus de la communauté de communes du Briançonnais et par le conseil départemental des Hautes-Alpes, l’opposition politique à la création d’une troisième voie de circulation réservée aux transports en commun dans la vallée de Serre-Chevalier, sur la RD1091, dénonce un projet jugé "inutile" et des risques pour l’environnement.
Selon Francine Daerden, conseillère communautaire du groupe d’opposition "Briançon Citoyenne", un passage en force est toujours à craindre: "les expropriations à venir vont pouvoir se faire grâce aux lois olympiques qui permettront de s’affranchir complètement des règles d’urbanisme et de protection de l’environnement, il n’y aura sans doute pas d’enquête d’utilité publique et nous allons encore artificialiser les sols dans une vallée déjà saturée, ce projet de troisième est inutile et va créer un appel d’air de voitures individuelles".
Une voie réservée pour répondre aux "exigences" du CIO?
Interrogé sur le sujet, Stéphane Faure-Brac, membre du Comité d'Alerte sur l'Organisation des JOP 2030 qui s’oppose à l’organisation des Jeux olympiques d’hiver de 2030 sur le territoire, rappelle que le projet est d’abord né de la volonté de répondre aux exigences du Comité international olympique (CIO):
"Le contrat hôte olympique signé par la région et pas par la commune exige la matérialisation de voies dédiée aux athlètes, staffs, officiels et opérateurs télé pour relier le village olympique et les sites d'épreuves, là est la véritable contrainte initiale".
L’absence d’enquête publique pointée du doigt
"Où est l'étude qui prouve que cette voie fonctionnera pour fluidifier le trafic? La Solideo (Société de livraison des ouvrages olympiques) se moque de savoir si l'héritage sera bon ou mauvais pour les Briançonnais. Soyons réalistes: un entonnoir à l'arrivée sur Briançon, un entonnoir à l'arrivée sur Monêtiers et une multitude de dessertes (routes secondaires, parkings, etc) latérales, à connecter obligatoirement au flux principal. C'est comme sur l'autoroute, quand ça se resserre, quand deux voies se rejoignent en une, ça coince. La solution proposée aux embouteillages très périodiques sera inefficace, voire pire que le problème initial car les bus, en sortie de voie dédiée, devront s'intégrer à la circulation dans l'entonnoir", estime Stéphane Faure-Brac.
Une étude commandée par le conseil départemental à 1,2 millions d’euros "hors budget"?
Autre point d’interrogation: le coût de l’étude de faisabilité commandée par le conseil départemental des Hautes-Alpes et son président Jean-Marie Bernard. Pour le briançonnais Stéphane Faure-Brac, il y aurait un risque réel de faire peser les dépenses sur la collectivité: "C’est le département qui a décidé seul de lancer l’étude avant même qu’on soit sûr d’avoir les JO. pour un montant d’1,2 million d’euros, ils espèrent être remboursés par la Solideo mais rien n’est moins sûr car la délégation pour travaux signée par la Solideo n’inclut pas d’effet de prise en charge rétroactive sur des factures qui ne sont pas de son ressort".
En clair, le conseil départemental des Hautes-Alpes qui a décidé d’avancer 1,2 million d’euros à l’Etat qui finance en grande partie la Solideo, pourrait ne pas être remboursé pour des raisons juridiques.
Le président de la communauté de communes Arnaud Murgia dénonce une "fake news". "On a les seuls écologistes au monde qui sont contre les transports en commun", lâche-t-il.
Pour le maire de Briançon et président de la communauté de communes du Briançonnais, le projet de grande voie réservée fera partie des héritages essentiels des jeux olympiques pour l’avenir du Briançonnais: "L’idée est de sortir le bus de la circulation pour avoir une mobilité décarbonée, à haut niveau de service innovante et plus rapide, c’est un projet simple et vertueux sur plus de 20 kilomètres, on vise a minima 60 à 70% de fréquentation supplémentaire dans les bus".
Pas d’expropriations massives: une promesse d’Arnaud Murgia
"C’est du délire, à la limite de la fake news et de la désinformation, il n’y aura pas d’expropriation massive, ce n’est pas l’A69 entre Toulouse et Castres, il n’y a aucune bâtisse, aucune maison concernée sur le tracé qui est en ce moment étudié, au pire on va acquérir des bouts de parcelles de terrain", explique Arnaud Murgia pour qui le projet est une opportunité immanquable de désenclaver la vallée et de fluidifier le trafic.
Il défend au contraire un projet qui se veut "utile", "vertueux" et "écologique". "Avec plus de 14.000 véhicules sur la route en pleine saison touristique, personne dans la vallée ne peut dire que ça fonctionne bien, je n’ai pas de leçon d’écologie à recevoir, profitons de cet héritage olympique!", assure le président de la communauté de communes du Briançonnais, maire de Briançon et vice-président du Conseil départemental des Hautes-Alpes.