Municipales de Gap 2026: Roger Didier peut-il être battu?

En 2007, le maire de Gap, Pierre Bernard-Reymond quitte son poste pour devenir sénateur, remplaçant Marcel Lesbros qui vient de mourir. Il propose Roger Didier, son adjoint à la mairie, pour lui succéder.
Après cette première année de maire en 2007, Roger Didier se présente en 2008 devant les électeurs, puis encore en 2014 et 2020. Ses scores successifs lors de ces scrutins démontrent l’adhésion majoritaire et croissante de la population pour son action.
En 2008, il l’emporte au second tour dans une triangulaire avec 44,62% des voix. En 2014, il conserve sa mairie avec 53,37% des voix au second tour. Et en 2020, il est réélu dès le premier tour avec 54,18% des suffrages exprimés.
Côté politique, il n’est plus membre des Radicaux de Gauche depuis 2009. Il n’adhère plus à aucun parti, même si ses valeurs restent celles d’un centriste modéré. Conseiller régional sous la mandature de Christian Estrosi puis de Renaud Muselier, il siège au sein du groupe majoritaire. Roger Didier assume par ailleurs les fonctions de président de la communauté d’agglomération de Gap-Tallard-Durance, où la ville de Gap pèse près de 80% de la population.
Le miroir d’eau inauguré le 28 juin
Présentés dans son projet municipal 2020-2026, de nombreux chantiers sont en cours de réalisation ou d’achèvement, comme la maison de pays de Gap-Bayard, la requalification du centre-ville avec le Carré de l’Imprimerie (une crèche, une école, deux cinémas, l’association Impulse et 107 logements), un nouveau gymnase à la plaine de loisirs de Fontreyne, le début du chantier du Haut-Gap et l’esplanade de Desmichels dont l’inauguration - avec son miroir d’eau et sa pyramide - est prévue le 28 juin prochain.
Ce moment constituera un moment fort de cette dernière année pleine de l’actuel mandat. Ce projet, s’il a entraîné des nuisances et des insatisfactions, sera terminé à temps pour démontrer son utilité et générer de la satisfaction.
La rocade, éternel "serpent de mer" gapençais
Demeure inachevé le projet de la rocade de contournement de Gap, dont le coût a presque doublé en 12 ans, ne relevait pas de la compétence directe de la commune ou de l’agglomération. Roger Didier a sollicité l’État pour reprendre la barre, et réaliser les sections nord et sud. Son objectif: terminer ce chantier "historique" avant 2029.
Durant ce mandat, Roger Didier a poursuivi la politique événementielle de la ville, avec une récurrence d’événements majeurs comme le Tour de France ou le Rallye Monte Carlo. Et il a récemment annoncé aux associations de la ville qu’il allait revoir à la hausse leurs subventions.
Bien sûr, un certain nombre de sujets sont mis au débat public par l’opposition municipale, ce qui est légitime dans une démocratie. Ces controverses successives ont porté durant ce mandat sur la diversification de la ressource en eau, sur le coût d’achat de certains terrains ou de projets d’aménagements, et tout récemment, au titre de l’agglomération, sur le marché des transports publics. Ces débats, tout pertinents qu’ils puissent être, n’ont pas dépassé le cadre restreint des observateurs politiques impliqués.
D’usage, les maires en fonction ne se déclarent pas avant les dernières semaines, et font durer le suspense. S’il n’a fait aucune annonce officielle, ses nombreuses déclarations laissent peu planer le doute: il est fort vraisemblable que Roger Didier briguera un 4ème mandat en 2026.
Il évoque déjà en 2025, des projets qui trouveront leur réalisation éventuelle après 2026, comme les sections Nord et Sud de la rocade, le plan d’eau de la plaine de Lachaup, ainsi qu’un autre abattoir avicole, à côté du nouvel abattoir (qui vient d'être livré). Et on l’a vu se mobiliser fortement sur le terrain pour développer les moyens de la ville afin de lutter contre la montée de la délinquance et des incivilités.
Deux candidatures à Gauche
Qui sera face au maire sortant? Là aussi, Gap se distingue des autres villes des Alpes du Sud avec déjà deux candidatures officiellement déclarées. C’est de la gauche que vient l’initiative, avec deux listes irréconciliables, autant dans les projets que dans les personnalités qui les animent.
C’est "Union pour Gap" qui l’a annoncé en premier, le 15 novembre dernier, par la voix de sa tête de liste d’ores et déjà désignée, Elie Cordier, actuel conseiller municipal d’opposition. Cette candidature reçoit le soutien des communistes, des socialistes, des mouvements Place Publique de Raphaël Glucksmann et de Génération.s porté par Benoît Hamon.
Elle s’inscrit dans la continuité des consultations citoyennes réalisées en 2022 et 2023, suivie d’un lancement de campagne au Tempo qui a réuni plus de 300 personnes. Sur le terrain, Elie Cordier et ses soutiens ont engagé un porte-à-porte régulier. La liste Union pour Gap dispose aussi du soutien de la députée de la circonscription, Marie-José Allemand.
Kuentz, l’autre nom à gauche
La seconde liste à avoir fait acte de candidature, c’est "Ambitions pour Gap", menée par Charlotte Kuentz, déjà tête de liste en 2020. "Ambitions pour Gap" a également procédé à des consultations publiques et a tenu un premier meeting le 30 janvier au Tempo, en présentant ses axes de campagne devant 200 personnes.
Si cette liste ne revendique pas d’affiliation à un groupe politique spécifique, ses valeurs relèvent de la gauche, pointant en priorité la participation démocratique et citoyenne à toutes les décisions de gestion municipale, en affirmant: "Il faut questionner le rapport au pouvoir".
Dans cette mouvance, on sera attentif au positionnement de Michel Philippo, candidat de la Nupes dans la première circonscription des Hautes-Alpes en 2022. Dans son duel au second tour des élections législatives, il avait obtenu 49,64% des voix. Or, Michel Philippo, leader LFI, est désormais inscrit sur les listes électorales à Gap. En dialogue avec l’équipe d’Ambitions pour Gap, il insiste sur "la démocratie participative" et récuse "l’incarnation par un seul homme ou femme d’une équipe municipale, au profit d’un collectif".
Quid de Jérôme Sainte-Marie?
En ce qui concerne le centre et la droite gapençaise, on ne dispose d’aucune information officielle. Pourtant, selon nos sources, de nombreuses consultations seraient en cours en vue de constituer une liste. Plus à droite sur l’échiquier politique, avec le Rassemblement national, on pourrait penser que le score de 48,36% de Jérôme Sainte-Marie au second tour des dernières élections législatives, inciterait son parti à monter une liste pour les municipales de 2026, la réorganisation de l’antenne locale pouvant accréditer cette thèse.
Or, une élection nationale n’est pas une élection municipale, avec toujours cet écueil de construire une liste de 43 noms en parité et représentatifs du territoire. On sait que le RN ne compte à ce jour aucun conseiller municipal ou conseiller départemental sur la commune.
De fait, à l’heure où nous publions, il ne semble pas y avoir de dynamique en ce sens, le RN privilégiant certainement la conquête de communes de moindres tailles dans les Hautes-Alpes. "Chaque chose en son temps" a récemment déclaré Jérôme Sainte-Marie à BFM DICI.