"J'ai misé sur moi-même": Bastien Debono, un Sisteronais élu meilleur sommelier de France 2024

À 32 ans, Bastien Debono est le meilleur sommelier de France 2024. Sa passion est née à Sisteron au lycée Paul-Arène. Son ancien enseignant en restauration et œnologie Christian Cros se souvient très bien du jeune étudiant devenu maintenant un ami.
"Bastien était relativement calme et même réservé. En revanche, quand il se mettait à travailler, il ne lâchait jamais l'affaire. C'était quelqu'un d'assidu", confie-t-il.
"C'est un bosseur"
À l'époque, il était déjà possible de déceler son talent. Il était toujours le dernier à quitter la salle et travaillait ses sujets en dehors des cours.
"Il a toujours été dans la positivité et la démarche d'aller plus loin. C'est un bosseur", ajoute son professeur de l'époque.
Franck Perard, directeur délégué du lycée hôtelier Paul-Arène, salue le succès de l'ancien élève.
"On a un jeune qui vit dans un village à 1.000 mètres d'altitude, dans une ferme à quelques kilomètres de l'école hôtelière de Sisteron. C'est la première pierre à l'édifice. L'école sert à ça. Elle permet à chacun d'entre nous où qu'on habite sur le territoire de pouvoir vivre la vie à laquelle on a le droit. Pour Bastien cela a marché," explique-t-il.
Ému, il se félicite "d'avoir un élève qui est rentré chez nous à 15 ans et qu'on le retrouve meilleur sommelier de France 17 ans plus tard. C'est un mélange d'émotions et de fierté".
"Très fier et très ému"
Ce lundi 16 décembre, accompagné par son père, Bastien Debono a reçu les félicitations du maire de la ville Daniel Spagnou qu'il connaît bien.
"Je suis très fier et très ému, j'ai signé son acte de naissance à ce petit et je connais bien ses parents qui sont agriculteurs. Aujourd'hui, c'est une célébrité (...) Je lui souhaite d'être un jour meilleur sommelier du monde", développe le maire.
Mais, avant d'avoir ce titre il a fallu beaucoup de travail. Un agenda bien défini car travailler pour réussir le concours implique d'enchaîner les journées et les heures de révisions. Pour cela, il a pu compter sur ses racines sisteronaises pour l'aider à réussir.
"Je suis issu du milieu agricole, donc on a l'habitude de côtoyer l'environnement. La ville de Sisteron dispose d'un lycée hôtelier juste fabuleux qui a déjà formé de grands sommeliers. Il a été vraiment un tremplin pour moi," raconte Bastien Debono.
Le jeune homme a aussi commencé à travailler en restauration très tôt, dès l'âge de 14 ans. Son métier s'est précisé après avoir découvert les subtilités du champagne. "Je croyais que le champagne, c'était tout le temps le même goût. Mais non, ça dépend de qui le fait, comment il le fait, où et quelle année il le fait et comment il le fait vieillir. Ce sont toutes ces subtilités-là, ça m'a nourri et ça m'a plu", explique le meilleur sommelier de France.
"J'ai misé sur moi-même"
Mais être sommelier, ce n'est pas uniquement connaître les vins. Il doit pouvoir être en charge de toutes les boissons.
"On vous demande autant de connaissances sur le café, le thé, le saké, les liqueurs... C'est très diversifié. Pour faire la différence, on va chercher des détails comme des vieillissements particuliers," détaille-t-il.
Se préparer au mieux demande aussi un investissement financier. Il n'a pas "la chance d'être financé". Alors, il essaye de visiter le maximum de vignobles.
"Une ou deux fois par mois, j'achète des bouteilles pour m'entraîner. Tous les déplacements sont à ma charge, j'ai misé sur moi-même et pour le coup ça m'a réussi", rapporte-t-il.

Cependant, la réussite n'a pas toujours réussi à Bastien Debono. Il est arrivé à trois reprises en demi-finale. Plus mature, cette fois-ci, il était "préparé pour aller au bout".
Pour la première fois, il a été confronté à des concurrents de son âge, de sa génération "ce qui n'était pas le cas les années précédentes où les sommeliers étaient plus expérimentés".
"Cette année, j'ai aussi mis les moyens avec des bons coachs, une équipe de cinq sommeliers qui me préparaient des ateliers quotidiens. J'ai pu avoir un peu plus de temps libre pour la préparation, ce qui a fait que j'ai pu sortir du lot", indique-t-il.
Aujourd'hui, le Sisteronais est sommelier dans une très belle adresse tenue par Yoann Conte à Annecy. Il y prépare le Court of master sommelier qu'il passera au mois d'avril. Il espère également pouvoir obtenir le titre de Meilleur Ouvrier de France, avant de viser un jour un titre mondial.