Grand Puy: l'avenir de la station débattu au conseil municipal, vers un arrêt des télésièges?

"Ce que je vous demande, c'est de vous écouter et de ne pas hésiter à vous répondre… aimablement." Un message nécessaire délivré par Laurent Pascal, maire de Seyne-les-Alpes, alors même qu'il présidait ce lundi 22 juillet un conseil municipal presque classique mais qui n'en était pas moins déterminant: il était notamment question de l'avenir de la station du Grand Puy.
Agir a ainsi été la résolution prise par les quinze élus de Seyne, alertés par les chiffres du budget communal. Le mois dernier, un bureau d’études présentait à la population plusieurs scénarios devant tailler un nouveau visage au domaine skiable, du maintien en l’état à la fermeture des remontées mécaniques -point noir identifié et l’objet principal du débat de la nuit dernière.
Deux millions d’euros pour le Grand Puy en 8 ans
En rénovant les téléskis il y a quelques années, la commune a sans conteste misé sur une opération onéreuse. Trop, à en croire les données avancées par la mairie, obligée de piocher dans le budget de la commune pour maintenir en équilibre les comptes de la station.
"Entre 2015 et 2023, Seyne est intervenue à hauteur de deux millions d’euros sur le domaine skiable", rappelle Laurent Pascal, le nez dans ses fiches, "Et la somme ne cesse d’augmenter. En 2023, nous avons attribué 350.000 euros d’aide à Grand Puy, dirigés principalement vers le remboursement de l’emprunt contracté pour les remontées mécaniques. Si on avait gardé ne serait-ce que 80% de cet argent global, on aurait pu faire 10 millions d’euros d’investissement sur la commune. Ce n’est pas anodin."
Ne sont pas non plus anodines les raisons du déclin de la station. Le bureau d’études pointait alors le réchauffement climatique, réduisant drastiquement les jours skiables sur neige naturelle, mais aussi le type même des activités sur site, davantage contemplatives que sportives.
Par ailleurs, le domaine puise la source principale de son économie touristique chez les habitants de Seyne (28%), talonnés par ceux des communes voisines (26%). Les touristes en séjour, eux, ne représentent que 6% de la somme relevée.
Pour le maire de Seyne, le nerf de la guerre est clair, défini: "Ce qu’il faut déterminer aujourd’hui, c’est la viabilité des téléskis. C’est là-dessus que nous allons devoir trancher."
La plupart des élus sont pour l’arrêt définitif de l’exploitation des remontées mécaniques, impliquant une prochaine réflexion sur de nouveaux moyens de dynamiser la station.
Un vote en faveur de l’arrêt et de la vente
Maxime Musso, élu d’opposition, incarne son rôle à la perfection et freine l’impulsion de groupe. Selon lui, au-delà de raisons économiques -l’estimation de la vente des télésièges étant trop imprécise, oscillant de 600.000 à 1,6 million d’euros- il faut aussi craindre la dégradation de l’image du domaine.
"Fermer l’accès aux hauteurs de la vallée donnerait une très mauvaise publicité des lieux", regrette-t-il. "Les commerces seynois pourraient en pâtir. Soit l’on veut être une ville dortoir, soit l’on met un peu d’investissement sur nos outils actuels."
L’argument est aussitôt contré par le premier édile, qui entend réorienter l’argent économisé -près de 200.000 euros sur le budget communal- vers le développement d’activités touristiques diversifiées, qu’il resterait à déterminer.
C’est, du reste ce qui est inscrit sur l’ébauche de délibéré proposé au vote des conseillers dans la soirée, puis à celui de la population début octobre. Les termes sont discutés dans le détail: déterminer la date à laquelle les remontées mécaniques cesseraient leur grand tour dans les hauteurs, et finalement s'accorder sur le 1er novembre 2024.
Le système de transport, ainsi que les enneigeurs et les dameuses seraient mis en vente pour aider au remboursement de l’emprunt. Enfin, il faut trouver des activités singulières, différentes des stations voisines et indépendantes des télésièges.
Un référendum décisionnel local
À l’issue du très long débat, 12 mains approuvent le scénario favorisé, deux s’élèvent contre celui-ci, et une seule préfère rester discrète sur l’orientation future de la station.
Afin qu’ils nourrissent leur réflexion, le projet de délibération sera présenté aux habitants concernés, soit près de 1.200 personnes, fin septembre. Il leur faudra alors répondre, le 6 octobre prochain, par la positive ou la négative à la question suivante: "Êtes-vous favorables au projet de délibération proposé par le conseil municipal?"
L'application des modifications ne vaudra que si plus de la moitié des électeurs se présentent, et s’ils expriment une majorité absolue de "oui". Si le "non" l’emporte, le sort du domaine skiable restera inchangé -au risque de creuser l’endettement de la commune.