Gap: une pétition pour "sauver l'hôpital" en proie à une grave crise interne

L'hôpital de Gap (image d'illustration) - JEAN-PIERRE CLATOT / AFP
"Sauvez l’hôpital de Gap!" Alors qu'entre 150 et 200 personnes s'étaient rassemblées samedi après-midi devant l'hôpital de Gap, à l'appel des syndicats FO et CFDT, pour alerter les patients sur une grave crise interne au sein de l'établissement, une pétition lancée le même jour atteignait ce lundi soir plus de 800 signatures.
Une vingtaine de salariés, dont 15 médecins, sont en arrêt maladie depuis le retour d'un chirurgien suspendu depuis deux ans après avoir dénoncé les pratiques d'un collègue. Raouf Hammami avait en effet alerte sur une pratique de son collègue Gilles Norotte, la cimentoplastie discale, considérée comme "non valide" par une société savante et qui fait l'objet d'une enquête pénale.
En France, il est possible d'injecter du "ciment" (en fait une sorte de résine) dans des vertèbres fragilisées pour les renforcer mais pas directement dans les disques de la colonne. Des patients ont dû être réopérés à la suite d'une telle intervention en raison de complications. L'enquête du parquet de Gap vise notamment à vérifier si les patients étaient suffisamment informés. Plusieurs ont déposé plainte.
"L'offre de soins s'effondre"
Par ailleurs, des procédures contentieuses ont été lancées tous azimuts, aboutissant récemment au retrait du Dr Norotte de l'hôpital, tandis que le Dr Hammami est accusé de harcèlement et menaces en interne. Le 22 mars, celui-ci a réintégré le service de chirurgie orthopédique sur décision du directeur de l'Agence régionale de santé. Depuis, la tension est à son comble.
"L’escalade est telle qu’à ce jour l’offre de soins de l'hôpital et du département est en train de s’effondrer en pleine vague du Covid-19", alerte la pétition.
"Quelques opérations" ont déjà été annulées en raison de ces départs, ce qui pourrait entraîner des "pertes de chances pour certains patients", indique à l'Agence France-P Thierry Craviari, chirurgien orthopédiste en arrêt.
Contactée, la direction assure que "tout est oeuvre pour garantir la permanence des soins". L'ARS ajoute qu'elle pourrait mobiliser des médecins d'autres hôpitaux si besoin.
De son côté, le Dr Hammami assure avoir repris son activité "sans aucun incident". Pour lui, les praticiens en arrêt "ont choisi de mettre en péril la mission de santé publique" et ont porté des "accusations graves et mensongères" à son encontre.