BFM DICI
bfmdici

En pleine alerte sécheresse, des agriculteurs arrosent un bâtiment de l'État à Gap pour dénoncer les restrictions

En pleine alerte sécheresse dans le Buëch, des agriculteurs arrosent un bâtiment de l'État à Gap pour dénoncer les restrictions le 11 août 2025.

En pleine alerte sécheresse dans le Buëch, des agriculteurs arrosent un bâtiment de l'État à Gap pour dénoncer les restrictions le 11 août 2025. - BFM DICI

Des agriculteurs haut-alpins syndiqués ont manifesté ce lundi 11 août devant les services de la Direction départementale des territoires (DDT) de Gap pour dénoncer les restrictions d'eau. S'ils estiment être "loin" de la sécheresse, le bassin du Buëch est placé en "alerte", troisième échelon sur cinq des vigilances.

Une vingtaine d’agriculteurs haut-alpins syndiqués à la Coordination rurale et à la Confédération paysanne ont bloqué la rue devant la Direction départementale des territoires (DDT) à Gap pour manifester leur ras-le-bol, ce lundi 11 août.

Les mesures de restrictions de la préfecture visant l’utilisation de l’eau par les agriculteurs sont pointées du doigt par les deux syndicats. Pour se faire entendre, les paysans ont projeté de l’eau pompée sur une bouche à incendie sur la façade du bâtiment administratif, à l’aide d’un pivot d’irrigation généralement utilisé pour arroser les cultures.

Pour les agriculteurs, la situation hydrique du territoire ne justifie pas de telles restrictions. Ils souhaitent, en détail, l’annulation de l’alerte sécheresse dans le Buëch, mise en place le 7 août par la préfecture, mais aussi la diminution du débit réservé de la prise d’eau du canal de Gap.

"C’est complètement aberrant"

Un avis, à mettre dans son contexte, alors que la préfecture indiquait justement le 7 août dernier dans un communiqué prendre cette arrêté de sécheresse en raison du "Buëch et deux de ses affluents, Aiguebelle et Blaisance, qui ont des débits sous le seuil d'alerte". De plus, aucune pluie significative n'est attendue dans le territoire alors que les températures s'envolent avec la vigilance orange pour canicule depuis lundi.

L'interdiction d'irriguer par jeux d'eau a ainsi été mise en place, "sauf ceux à eau recyclée ou raison liée à la santé publique".

Les agriculteurs contestent pourtant la situation de sécheresse décrite par la préfecture. "On vient leur rafraîchir leurs idées avec cette eau", décrit Thomas Raso, porte-parole de la Confédération paysanne des Hautes-Alpes.

"On considère que nous ne sommes pas dans une année de sécheresse et on subit ces mesures", s’énerve l’agriculteur, en totale contradiction avec les données de la préfecture des Hautes-Alpes. "Oui, il fait sec et chaud, mais c’est notre climat ici en montagne", renchérit le syndicaliste.

Les interdictions d’irrigation concernent surtout les agriculteurs qui pompent l’eau du Drac, à cause du débit réservé dans le canal de Gap, augmenté de 300 litres/seconde à 600 litres/seconde. "C’est complètement aberrant", décrit Marine Gohier, vice-présidente de la Coordination Rurale 05. "On est loin d’être en condition de sécheresse, malgré une baisse des cours d’eau normale après les températures du mois d’août", s’exprime l’agricultrice.

Le stress pour les cultures et les agriculteurs

Les cultures du Buëch et du Gapençais sont grandement dépendantes du canal de Gap. Les arboriculteurs, notamment, sont directement touchés.

"On arrive au bout de la saison, si maintenant on n’a pas d’eau, on va perdre en calibre, en qualité et automatiquement en revenus", déplore Bastien Nal, vice-président de la Coordination rurale 05.

"On voit nos cultures mourir si on ne peut pas trouver de l’eau", explique-t-il. "Pourquoi nous et pas les autres? Les ronds-points de Gap sont verts", lance l’agriculteur.

Les éleveurs sont aussi impactés, certains d’entre eux ne peuvent pas arroser les prés pour le retour des bêtes de l’alpage.

L'ensemble des restrictions d'eau, qu'elle provienne du robinet, d'un cours d'eau ou des nappes phréatiques en tant que particulier, entreprise ou exploitant agricole, sont disponibles sur le site VigiEau du gouvernement.

Martin Van Klaversen avec Alixan Lavorel