Alpes-de-Haute-Provence: les professionnels de la restauration font le point avant la saison estivale

À la salle des fêtes de Banon (Alpes-de-Haute-Provence), l’ambiance oscille comme une pendule. Gauche, des rires complices échangés entre officiels et adhérents de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (Umih) des Alpes-de-Haute-Provence, réunis lundi 3 mai après-midi pour saluer le départ de Thierry Souêtre, son président depuis 1983. Droite, des paroles sérieuses, presque désolées, quand il s’agit d’aborder la réalité du secteur de la restauration.
Parmi les problèmes évoqués, figurent les frais imputés à la restauration, entre les factures d’énergie "dont on espère un retour à la normale, mais on n’en voit pas encore les signes", selon Bernard Marty, président de l’Umih 13, la hausse du prix des matières premières ou encore le remboursement du prêt garanti par l'État (PGE).
En haut de la liste, un obstacle évident est aussi présent sur toutes les lèvres: la gestion des saisonniers.
"Avec les charges, le prix du loyer nous revient très cher"
"2024 se présente comme la continuité de 2023, amorce Christophe Esteves, représentant des restaurateurs au sein de l’Umih 04. C’est encore les mêmes problématiques, notamment au niveau des employés. Aujourd’hui, avec les charges, le prix du loyer nous revient très cher. Il faut tout de même que les saisonniers aient un salaire et un logement décents."
Son de cloche similaire du côté de la station village de Montclar Les 2 Vallées. Bruno Savornin, multi-casquettes dans le monde de l’hôtellerie, s’est penché très en amont sur le recrutement de ses saisonniers pour l’hiver 2023-2024 afin d’éviter, pensait-il, les sueurs de l’improvisation. Ce sont finalement les frais de logement, en parallèle d’une météo peu clémente, qui ont compliqué la situation.
"Nous sommes presque automatiquement obligés de loger nos jeunes, explicite-t-il. Sur les neuf personnes venues garnir les rangs de la station cet hiver, sept ont eu besoin d’un toit. En été, nous comptons sur le travail de quatre employés. Les quatre doivent être logés."
“Laissons-les travailler tranquille”
D’autres déplorent la désertion des jeunes dans le monde de la ruralité. Lydia Fenoy, élue à l’unanimité au cours de la séance et qui emboîte le pas de Thierry Souêtre à la présidence de l’Umih 04, en a conscience et mise "tout particulièrement sur la formation. Les stagiaires et alternants sont, pour nous, de futurs collaborateurs à chérir".
Bernard Marty, président de l’Umih Région Sud, désigne plutôt les contrôles intempestifs au sein d’un territoire qui a tout de même su profiter du passage de la flamme olympique.
"Les normes additionnées aux normes, ça fait beaucoup, peste-t-il. Se faire contrôler sans arrêt sur des normes nouvelles, ça n’arrête jamais. Les gens savent faire leur métier. Faisons-leur confiance et laissons-les travailler tranquille", conclut-il.