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Alpes-de-Haute-Provence: les éleveurs relancent l'abattoir de Seyne-les-Alpes

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Les éleveurs de Seyne-les-Alpes (Alpes-de-Haute-Provence) se sont regroupés et ont réussi à relancer l'abattoir. Une infrastructure essentielle à leur activité.

Le lieu n'a pas changé, mais l'équipe qui fait fonctionner l'abattoir de Seyne-les-Alpes (Alpes-de-Haute-Provence) n'est plus la même. En 1982, la commune inaugurait son abattoir. Mais, en 2022, la structure avait dû fermer ses portes, faute de personnels, laissant les éleveurs du pays de Seyne sans abattoir à proximité.

Après deux ans de démarches administratives, les éleveurs de la vallée de la Blanche se sont unis pour relancer une infrastructure essentielle à leur travail.

"C'est un outil de proximité indispensable au niveau local pour l'activité de la vallée. Au niveau du bien-être animal, c'est le top, parce qu'on ne transporte pas nos bêtes. Et comme c'est nous qui sommes sur la chaîne d'abattage, on fait tout ce qu'on peut pour que l'animal soit respecté jusqu'au bout parce qu'on les aime nos bêtes", détaille Jérôme Allibert, président de la SIC Abattoir du pays de Seyne, à BFM DICI.

Les éleveurs de cet abattoir contribuent à l'activité économique locale. Mais ils permettent aussi de renforcer leur volonté d'offrir un circuit court aux consommateurs, en valorisant des produits en vente directe. La proximité de l'abattoir, moins éloigné que celui de Digne-les-Bains ou de Gap, permettra de limiter les déplacements et de réduire les émissions de gaz à effet de serre.

Une douzaine d'éleveurs impliqués dans le projet

Une douzaine d'éleveurs sont impliqués dans le projet de reprise. Une fois par semaine, ils devront se relayer pour faire fonctionner l'abattoir. Un travail qui, notamment, vient s'ajouter aux tâches à faire dans leurs élevages respectifs.

"On essaiera de se relayer pour qu'on ne soit pas tous bloqués ici, tous les mercredis. Ce sera des grandes journées, de l'entrée des bêtes, jusqu'au nettoyage", explique Alexis Savornin, éleveur-tâcheron à la SIC Abattoir du pays de Seyne.

Pour le moment, les éleveurs sont encore en formation. Ils sont en moyenne huit pour faire tourner la structure, mais à terme, ils ne devraient être plus que cinq pour faire tourner les différentes lignes d'abattage. 

"L'ambition de faire un petit abattoir local"

Ce projet est soutenu par la municipalité et les communes situées aux alentours. L'abattoir sera utile aux éleveurs du pays de Seyne, mais aussi à ceux de la vallée de l'Ubaye.

"On a eu la chance que Provence Alpes Agglomération finance une étude de faisabilité de la reprise. On a été soutenus par l'union régionale des coopératives. Nous, la commune, nous avons soutenu l'initiative des éleveurs. Nous sommes allés avec eux voir à Guillestre comment ça se passait, parce qu'ils fonctionnent sur le même principe. Les éleveurs ont été séduits, même s'ils ont aussi réalisé l'ampleur de la tâche", explique Dominique Baron, adjoint à la mairie de Seyne-les-Alpes.

Il poursuit: "Ça rayonne sur la vallée de l'Ubaye et le pays de Seyne, ça représente environ 3.500 bovins et 20.000 brebis mères. Il y a un potentiel de plus de 100 éleveurs sur toute la zone. Après, on est lucides, ils ne viendront pas tous abattre ici pour diverses raisons. Mais, l'ambition ici, c'est de faire un petit abattoir local". Dominique Baron espère arriver d'ici trois ou quatre ans à 250 tonnes.

Dans les prochaines années, l'abattoir, qui ne traite que les ovins et les bovins, espère pouvoir proposer l'ouverture à la filière porcine. Les éleveurs ont aussi pour projet d'installer un atelier de découpe.

Laurie Charrié