BFM Business
Auto

Ventes automobiles: des marques généralistes en période de turbulence

placeholder video
Au premier trimestre, le marché automobile français affiche une santé encore fragile avec une situation souvent compliquée pour les marques dites généralistes, à la peine entre low-cost et premium, mais aussi concurrencées par les occasions récentes.

Le marché automobile français vient de boucler son premier trimestre et reste encore très perturbé par la crise sanitaire. L'effet de comparaison avec mars 2020, premier mois de confinement en France qui avait donné lieu à un effondrement des ventes de véhicules particuliers neufs, peut donner l'impression d'un rebond impressionnant: la hausse s'affiche en effet à +192% en mars 2021, avec 182.755 immatriculations, selon les chiffres du CCFA.

Pandémie et changements de motorisations

Mais le tableau s'assombrit rapidement si on compare le mois dernier avec mars 2019: on note alors une baisse des ventes de 19% (225.818 ventes en mars 2019), et de -20% si on compare les premiers trimestres 2019 et 2021.

Il faut garder en tête que 2019 était une très bonne année pour le marché automobile, avec un effet de rattrapage par rapport à 2018, des immatriculations tactiques dans un contexte de surproduction, des aides à l'achat qui ont joué un rôle important pour stimuler les ventes et un diesel-bashing qui n'était pas aussi prononcé qu'aujourd'hui. La moyenne se situait plutôt autour de 210.000 immatriculations pour un mois de mars ces dernières années", résume Eric Espinasse, directeur du développement chez Autoways.

Au premier trimestre 2021, on traverse donc encore une période marquée par la pandémie, ses couvre-feux et reconfinements.

On reste dans une période compliquée : la confiance dans l'avenir est essentielle pour favoriser l'acte d'achat d'une voiture neuve. Malgré un taux d'épargne élevé chez les CSP+, le niveau des prises de commandes n'est pas au beau fixe. Une des explications, c'est sans doute que les particuliers qui achètent des véhicules neufs ont souvent plus de 50 ans et sont donc à risque au niveau du covid-19, cela ne donne pas vraiment envie de prendre un rendez-vous en concession "

Pour Eric Espinasse, il y aussi des changements profonds du marché. Le Diesel continue sa dégringolade, avec une baisse de 9% de part de marché sur un an, alors que les hybrides continuent de progresser.

Le Diesel représentait encore un tiers des ventes au premier trimestre 2020, c'est à peine un quart depuis le début de l'année 2021. Dans le même temps la progression de l'hybride est impressionnante, avec 7% des ventes en hybrides rechargeables et 16% en hybrides non-rechargeables depuis le début de l'année."

Les entreprises représentent une clientèle importante pour les achats d'hybrides rechargeables, en étant exempté de malus écologique et de TVS (taxe sur les véhicules de sociétés).

La plupart des marques généralistes à la peine

Si on reste sur la comparaison entre les premiers trimestres 2021 et 2019, on constate également que les marques dites généralistes restent à la peine: Citroën est à -25%, Opel à -50%, Renault à -33% et Ford à -31%.

Il y a probablement un report des achats de véhicules neufs généralistes vers les occasions récentes", note Eric Espinasse.

Le marché des véhicules d'occasion (VO) reste en effet très dynamique, avec plus de 1,59 million d'immatriculations déjà depuis le début de l'année. D'après les chiffres d'Autoways, ce sont surtout les modèles récents, entre 2 et 5 ans, qui rencontrent un grand succès, avec une hausse des ventes de 28% au premier trimestre, et représentent 21,30% des immatriculations VO.

Deux exceptions à noter chez les généralistes: Skoda, qui enregistre une progression de près de 5% de ses ventes par rapport au premier trimestre 2019, et Toyota, à +13,9%. Depuis le début de l'année, l'hybride non-rechargeable, "spécialité" du constructeur japonais représente 80% de ses ventes depuis le début de l'année d'après les données d'Autoways.

Le low-cost semble aussi plutôt en forme, avec Dacia qui reste en bonne forme sur le début de l'année, avec sa nouvelle Sandero et le lancement de sa première voiture électrique, la Spring.

A l'opposé de cette offre "Access", les marques premium résistent aussi plutôt bien:

Ces marques profitent à la fois de l'engouement pour les SUV et les hybrides rechargeables, cela se retrouve en particulier chez Volvo et Mercedes."

De quoi placer la majorité des marques généralistes dans une position délicate, entre le duo low-cost/occasion et le premium. A voir ce que donnera le regroupement opéré par Stellantis, avec la fusion entre FCA et PSA, avec à la clé des réductions de coûts attendus pour améliorer la rentabilité des futurs modèles.

https://twitter.com/Ju_Bonnet Julien Bonnet Journaliste BFM Auto