Un an de guerre en Ukraine: l'industrie automobile russe s'est effondrée

L'usine Avtovaz de Togliatti - Avtovaz
D’un marché à fort potentiel à un marché en déshérence. Suite au déclenchement de la guerre en Ukraine le 24 février 2022, la Russie a vu son industrie automobile s’effondrer. Dans le contexte des sanctions internationales et des appels au boycott des entreprises qui poursuivraient leur activité locale, de nombreux groupes avaient en effet rapidement annoncé leur retrait dans les premiers mois du conflit, Renault et Stellantis en particulier.
Une production divisée par quatre
"La guerre en Ukraine a eu de nombreuses implications pour l'industrie automobile russe. Des conséquences directes avec la sortie de ce marché d’un très grand nombre de constructeurs étrangers, mais aussi indirectes, avec des difficultés d’approvisionnement de différents composants", résume Alexandre Marian, consultant chez Alixpartners.
Quelques chiffres fournis par le cabinet Inovev permettent de comprendre l'ampleur du phénomène. La production automobile russe est ainsi passée de 1,57 million d’unités assemblées en 2021, à seulement 600.000 l’an dernier, soit une chute de 61%.
L'effet est encore plus perceptible en se concentrant sur mars à décembre, avec une production qui a complétement décroché à partir du début du conflit. Sur cette période, la production a été divisée par quatre.
Les usines de Renault, à Moscou et Togliatti, sont en effet passées d'une production mensuelle de plusieurs milliers d'unités à 0 dès les premiers mois de la guerre en Ukraine, comme le révèlent les données d'Inovev.
Un effondrement qu’on retrouve aussi au niveau des ventes, passée d’un peu plus de 1,66 million d’unités en 2021, à 687.000 unités en 2022. La baisse de la production automobile n'a ainsi pas pu vraiment être compensée par des importations.
"Avant la guerre en Ukraine, la Russie n’était pas vraiment un pays d’importation automobile, avec une production locale importante", souligne Alexandre Marian.
Des changements industriels qui prendront plusieurs années
Pourtant, les autorités russes ont bien cherché à faciliter la reprise de la production, allant même jusqu'à baisser les pré-requis en termes de normes de sécurité:
"Face au manque de composants, des dérogations du gouvernement russe ont permis de produire des véhicules avec moins d’équipements de sécurité. Mais, dans une voiture, on dénombre entre 3000 et 7000 composants, dont certains se révèlent essentiels et il reste difficile de trouver de nouveaux fournisseurs. Et les composants disponibles ont aussi pu être alloué à d’autres secteurs prioritaires", nous explique Alexandre Marian.
Plus globalement, certains observateurs s'attendaient à voir les constructeurs étrangers qui ont déserté le pays de Vladimir Poutine remplacés par des marques chinoises. Mais cela n'apparaît pas dans les données de production d'Inovev en matière de production.Les importations en provenance de Chine ne semblent pas avoir bondi sur la période.
"Pour de tels changements, une implantation industrielle ou même des changements de flux à l’export, il faut plus de temps, entre 3 et 7 ans. On estime que le retour à 60%-70% de la production automobile russe d’avant-guerre prendra plusieurs années", estime Alexandre Marian.