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La start-up française Hopium se concentre sur la vente de sa pile à hydrogène

La Hopium Machina

La Hopium Machina - Hopium

La start-up française Hopium va prioriser le développement de sa technologie de pile à combustible, qui promet des revenus à plus court terme que sa futuriste berline à hydrogène.

L'heure des choix a sonné pour Hopium. La start-up française qui rêve toujours de devenir le Tesla de l'hydrogène doit revoir sa stratégie faute de financement. L'entreprise a décidé de donner la priorité au développement de sa technologie de pile à combustible. Cette décision devrait permettre de dégager des revenus à plus court terme que sa futuriste berline à hydrogène.

"Le système de pile à combustible d’Hopium constitue un actif technologique différenciant, ayant fait l’objet de 27 dépôts de brevets, dessins et modèles", explique l'entreprise.

"Pour accélérer l’adoption de la technologie hydrogène, l'ensemble de l'industrie est confronté au même défi technique: offrir un maximum de puissance dans un minimum d’espace, tout en tenant compte des impacts environnementaux sur l’ensemble du cycle de vie. » explique Olivier Lombard, fondateur d’Hopium.

Au départ, l'entreprise avait séduit les investisseurs avec sa berline sportive "Machina". Mais le contexte financier est moins rose et ceux-ci demandent des résultats plus rapides. L'action Hopium, lancée à un euro fin 2020 à la Bourse de Paris, avait vu sa valeur exploser jusqu'à 42 euros, avant de s'effondrer à la fin de l'année 2022. Mercredi, elle ne s'échangeait plus qu'à trois euros à la clôture.

Aves ce changement d'axe stratégique, son nouveau directeur Sylvain Laurent, un ancien du groupe Dassault, veut apporter "plus de sécurisation, de rigueur et de crédibilité sur un certain nombre de démarches structurelles".

"La Machina nous a permis de contraindre les équipes et d'avoir une avance technologique en un temps record sur le système de pile à combustible", soit la pile à hydrogène et ses sous-systèmes de gestion, a assuré Sylvain Laurent.

Un prototype roulant "fin 2023 ou 2024"

L'usine d'assemblage devrait ouvrir en Normandie fin 2024, avec une quarantaine de salariés, et les premières piles seraient commercialisées en 2025. Ces piles permettront de "valoriser rapidement" le "savoir-faire" d'Hopium, avec des acteurs de l'automobile, mais aussi du secteur naval sur les rangs, selon le directeur d'Hopium.

La "Machina", de son côté, devrait avoir droit à un premier prototype roulant "d'ici fin 2023 ou 2024". Cette berline de 500 chevaux avait été présentée en grande pompe avec une commercialisation prévue pour 2025 et une autonomie annoncée de 1000 kilomètres.

Hopium n'est la pas seule start-up du secteur automobile a faire face à des difficultés. Beaucoup d'autres, comme Canoo, Nikola ou Lordstown Motors aux États-Unis, revoient leurs projets. En Allemagne, Sono a même annoncé fin février l'abandon de son projet de voiture "solaire" au profit de l'intégration de sa technologie sur d'autres véhicules, avec 300 licenciements à la clé.

Hopium a tiré début 2023 des obligations convertibles en actions pour une valeur de 2 millions d'euros, et obtenu un prêt de la région Normandie de deux millions d'euros. La société a enregistré 9,5 millions d'euros de perte nette au premier semestre 2022. La société doit donner plus de précisions sur ses comptes lors de la présentation de ses résultats le 28 avril.

Experts et industriels restent divisés sur la place de l'hydrogène dans la décarbonation du secteur automobile. Toyota ou BMW y placent de grands espoirs, tandis que de nombreuses autres marques le réservent aux utilitaires, plus difficiles à convertir à l'électrique.

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama avec AFP Journaliste BFM Éco