"La loi a été mal faite": la colère monte autour des Zones à faibles émissions

Depuis le 1er janvier dernier, Montpellier fait partie des métropoles qui limitent la circulation des véhicules dotés d'une vignette Crit'Air 3. Concrètement, les voitures diesel immatriculées avant 2011 et les voitures à essence immatriculées avant 2006 ne peuvent plus circuler ou stationner dans 11 communes de la zone à faibles émissions (ZFE), avant une extension à toute la métropole.
Une mesure qui a du mal à passer auprès de certains élus de l'agglomération comme Laurent Jaoul, maire SE de Saint-Brès:
"La loi a été mal faite. On sait aujourd'hui qu'un véhicule Crit-Air 1 de style Range Rover ou Porsche Cayenne pollue beaucoup plus que cette Mégane parce qu'elle est plus légère."
L'édile s'est ainsi mobilisé avec 23 autres maires et a obtenu la suspension des contraventions jusqu'en 2027.
"Fâcher notre peuple avec l'écologie"
Comme à Paris, la ZFE figure parmi les thèmes de campagne qui agitent déjà les débats à Montpellier en vue des élections municipales. Ces débats portent d'ailleurs davantage sur les modalités d'accompagnement des automobilistes que sur l'objectif de lutte contre la pollution et opposent plus souvent la ville et sa banlieue que les élus d'une même ville. Fondateur d'un collectif pour défendre le droit à circuler, l'écrivain Alexandre Jardin dénonce un dispositif "méprisant, excluant et de ségrégation" :
"Nous avons des défis écologiques et ce truc-là est en train de fâcher notre peuple avec l'écologie."
De son côté, la déléguée au transport de la métropole de Montpellier Méditerranée se défend en assurant que des alternatives sont proposées. "On met en place les moyens pour que les gens puissent se déplacer autrement, avec les mobilités douces ou actives, avec le vélo à assistance électrique, avec le covoiturage car il faut apporter une alternative à tous les habitants."
Marseille, Strasbourg et Rouen exemptées
Les Zones à faibles émissions ont été instaurées par la Loi d'orientation des mobilités en 2019 puis renforcées par la Loi Climat de 2021. Très répandues en Europe là où la qualité de l'air est dégradée, elles visent à pousser les automobilistes à acheter des véhicules moins polluants, hybrides ou électriques, ou à utiliser les transports en commun et les modes de transport dits "doux".
À l'instar de Montpellier, les métropoles du Grand Paris, de Lyon et Grenoble limitent également la circulation des véhicules dotées d'une vignette Crit'Air 3 depuis le 1er janvier. De nombreuses dérogations (personnes handicapées, travailleurs en horaires décalés...) et aides à l'achat ont été mises en place par ces métropoles pour lisser l'effet de ces restrictions, même si leurs critiques dénoncent des zones de "forte exclusion" qui sanctionnent les ménages les plus modestes.
À ce jour, 12 agglomérations ont déjà mis en place des ZFE, dont Aix-Marseille-Provence, Nice, Toulouse, Strasbourg, Reims, Rouen, Saint-Étienne et Clermont-Ferrand. Depuis le 1er janvier 2024, elles ont déjà toutes imposé des interdictions totales aux voitures non classées (voitures immatriculées avant 1997, sauf voitures de collection) et véhicules utilitaires légers non classés (immatriculés avant le 30 septembre 1997). La plupart ont également mis en place des horaires de circulation ou des interdictions totales pour les voitures classées Crit’Air 4 et 5 (voitures diesel immatriculées avant 2006).
Jusqu'au début de cette année, il était prévu que Marseille, Strasbourg et Rouen devraient restreindre comme Paris et Lyon la circulation des voitures Crit'Air 3 en 2025, mais le ministère de la Transition écologique a annoncé en mars qu'elles n'avaient plus cette obligation, en raison de l'amélioration de leur qualité de l'air.