"La demande pourrait chuter de 29%": les constructeurs européens comme Volkswagen, BMW ou Stellantis sont sous le choc des droits de douane

En menaçant l'automobile, Donald Trump ouvre un nouveau front dans la guerre commerciale. Le président américain a annoncé mercredi 25% de droits de douane supplémentaires sur "toutes les voitures qui ne sont pas fabriquées aux États-Unis" à compter du 2 avril prochain. En Allemagne, une telle annonce donne des sueurs froides aux constructeurs automobiles.
Environ 640.000 véhicules sont importés chaque année depuis l'Europe par les trois grands constructeurs allemands – Volkswagen, BMW et Mercedes – auxquels s'ajoute le groupe paneuropéen Stellantis. Selon une note du cabinet de conseil Kearney, les consommateurs américains pourraient bouder ces véhicules fabriqués en Europe si les hausses douanières annoncées par Donald Trump étaient entièrement répercutées sur les prix de vente.
"Dans les situations les plus préoccupantes, la demande pourrait chuter de 29%", observe le cabinet Kearney.
Pour les constructeurs européens, cela représenterait une perte potentielle "comprise entre 4,5 à 13,7 milliards de dollars", soit 4,18 à 12,7 milliards d'euros, estime le cabinet Kearney en s'appuyant sur le prix moyen des véhicules chez les concessionnaires automobiles américains. Du côté des fournisseurs européens, maillons indissociables de la chaîne de production, la perte de chiffre d’affaires "serait comprise entre 1,9 et 7,3 milliards de dollars", soit 1,8 à 6,8 milliards d'euros.
"Un signal fatal"
Pris en étau, les constructeurs européens seront contraints de négocier avec l'administration Trump, ou de se tourner vers la Chine. "Soit on fait flancher le plan américain et on conserve un accès au marché américain, soit a contrario il faudra composer avec les Chinois, ce qui est à fait envisageable, en essayant d'ouvrir des partenariats" et "de créer des joint-ventures [co-entreprises, ndlr]", soulignait mercredi soir Sébastien Amichi, associé chez Kearney, sur BFM Business.
D'autant plus qu'il faut déjà composer avec des droits de douane alourdis pour le Mexique et le Canada, où les constructeurs européens fabriquent une part significative de leur production destinée aux États-Unis – au total, 2,8 millions de véhicules sont vendus aux États-Unis par Volkswagen, BMW, Mercedes et Stellantis. En première ligne, la fédération des constructeurs automobiles allemands a déploré "un signal fatal pour le libre échange" dans un communiqué publié ce jeudi matin.
De l'autre côté du Pacifique, les constructeurs asiatiques tremblent de même: le Japon et la Corée du Sud représentent respectivement 16% et 15% du total des importations automobiles des États-Unis. Les Bourses asiatiques ont plongé jeudi, plombées par les valeurs du secteur automobile.
Toyota tremble
Le Japon, pour qui le marché américain est crucial, est particulièrement vulnérable: l'an dernier, l'automobile représentait 28% des exportations japonaises vers les États-Unis, soit 1,35 million de véhicules, pour 40 milliards de dollars (37,1 milliards d'euros). Numéro 1 mondial, le géant Toyota y a écoulé 2,33 millions de véhicules en 2024, représentant 23% de ses ventes mondiales. Mais seuls 1,27 million d'entre eux ont été produits dans ses usines américaines.