Du véhicule neuf à l’économie circulaire, Renault révolutionne son usine de Flins

Renault transforme son usine de Flins-sur-Seine. Alors qu'on le pensait condamné un an plus tôt, le site historique du constructeur sera désormais dédié au reconditionnement et au recyclage. Place à une "Re-factory", la première du groupe, qui sera "l'une des plus grandes plateformes d'économie circulaire en Europe", assure le nouveau directeur général de Renault, Luca de Meo, au micro de BFM Business. Concrètement, les salariés de Flins vont progressivement abandonner la production de voitures neuves.
Première étape avec le reconditionnement de véhicules d'occasion. La "Factory VO", officiellement inaugurée ce mardi par Luca de Meo, est opérationnelle depuis la rentrée: 1500 véhicules ont déjà été remis à neuf depuis le lancement du programme en septembre. Renault vise 45.000 reconditionnement de véhicules par an à compter de 2023.

Le véhicule d'occasion passe par un premier bâtiment de 2500 m² où un premier diagnostic permet de lister les éléments à changer pour sa remise à neuf. Les pièces détachées nécessaires sont placées dans le coffre. Le véhicule débarque alors dans un second bâtiment de 8500 m² qui abrite quatre lignes de production. L'espace est réparti en quatre blocs - "mécanique", "carrosserie", "peinture-cosmétique" et "photo" - suivant le même processus qu'une usine classique d'assemblage de véhicules neufs.
Industrialiser le processus
Des scanners haute résolution mitraillent l'extérieur et l'intérieur du véhicule, mais aussi le bas de caisse et les pneus, pour assurer le contrôle qualité. Quand il sort de l'usine, le véhicule est prêt à être vendu, contrôle technique compris. Pour le constructeur, l'objectif est d'industrialiser le processus de reconditionnement: il ne faut que 8 jours à la "Factory VO" de Flins pour remettre un véhicule d'occasion à neuf, contre 21 jours dans les ateliers des concessions Renault.

Luca de Meo, avec la "Factory VO", veut reproduire le modèle de l'entretien et de la remise à niveau des avions de ligne, notamment lorsqu'ils changent de propriétaire. Le développement de l'autopartage est aussi dans le viseur de Renault, qui réalise actuellement une étude sur une Renault Zoé capable de rouler 1 million de kilomètres en étant entretenue à Flins. En attendant, l'usine s'attaque d'ores et déjà au reconditionnement d'autres marques avec des tests sur une Citroën C4 et Volkswagen Golf.

"On ouvre cet écosystème à d'autres entreprises: on est déjà en collaboration avec Solvay, Veolia, Faurecia, et il y en a d'autres qui arriveront. C'est un écosystème qu'on crée autour d'une usine historique de Renault qu'on devait réinventer [...]. Je pense que nous avons été plutôt créatifs", explique Luca de Meo.
Recyclage des pièces détachées
À terme, aux côtés du reconditionnement des véhicules d'occasion, la "Re-factory" de Flins abritera également une activité de reconditionnement des batteries électriques (pour leur donner une seconde vie dans le stockage d'énergie ou les démanteler pour récupérer les matières premières), mais aussi du recyclage des pièces détachées et des matières premières, qui pourront être réutilisées dans la "Factory VO", ainsi qu'un centre d’innovation et de formation avec incubateur de start-up et campus universitaire dédiée à la mobilité.
D'ici 2030, 3000 personnes travailleront sur le site des Yvelines, où sont actuellement assemblées Renault Zoé et Nissan Micra.