Des 4x4 aux SUV, qui sont les "dégonfleurs" de pneus?

Une soixantaine de véhicules ont vu leurs pneus dégonflés pendant la nuit dans cette ville des Hauts-de-Seine. Retour sur un phénomène qui revient "à la mode" ces dernières années.

Il s'appelaient "les défonglés" en 2005, voici "les dégonfleurs" de 2022. En près de 20 ans, la pratique n'a pas vraiment changé et consiste à dégonfler les pneus de véhicules jugés trop polluants, le plus souvent en pleine nuit, en visant des voitures garées dans la rue ou devant des domiciles.

Soixante véhicules dégonflés à Meudon

La cible a juste changé d'appellation: des 4x4 du début du XXIe siècle, les militants - qui se présentent comme "écologistes" - sont passés aux SUV, pas forcément en quatre roues motrices. Jugés trop lourds et donc trop polluants, ces véhicules sont en effet devenus une des cibles principales d'associations comme le WWF ou Greenpeace.

Cette semaine, une soixantaine de véhicules dans la ville de Meudon (Hauts-de-Seine) ont ainsi vu leurs pneus dégonflés au cours d'une nuit d'actions de militants, baptisés les "dégonfleurs de pneus", rattachés à un groupe lancé en Grande-Bretagne l'an dernier, "Tyre Extinguishers". Contacté par BFMTV, un porte-parole revendique 9000 dégonflages de pneus dans plusieurs pays d'Europe cette année et l'objectif de passer les 10.000 avant la fin de l'année.

En règle générale, un mot est laissé sur le pare-brise. C'était bien le cas à Meudon. Cela évite en effet que le conducteur ne prenne le volant sans se rendre compte qu'un ou plusieurs de ses pneus ont été dégonflés, ce qui peut être très dangereux une fois sur la route.

"Nous avons dégonflé un ou plusieurs de vos pneus, ne le prenez pas personnellement, vous n'êtes pas notre cible, c'est votre véhicule. Nous faisons ça car conduire un véhicule de cette taille est particulièrement néfaste", peut-on lire sur le message lu par une victime de ce collectif.

Les SUV "peu polluants" et électriques concernés

Le message n'est pas toujours compris des automobiles, comme cet habitant de Meudon. Son SUV est classé Crit'Air 1, le meilleur niveau avant la vignette "0" verte réservée aux 100% électriques.

"Mon véhicule pollue moins qu'une Clio, qu'une Twingo, qu'une petite voiture avec moteur thermique et une vignette Crit'Air de 3 ou de 4, ou plus", explique ainsi Olivier à BFM Paris.

En vérité, et même si cela ne justifie en rien de dégonfler ou non les pneus d'une voiture, le système Crit'Air n'est pas vraiment le bon indicateur pour refléter le niveau de pollution. Il repose en effet uniquement sur le type de moteur (principalement essence, Diesel ou électrique) et la date de première immatriculation du véhicule.

On peut donc difficilement affirmer qu'un Range Rover équipé d'un V8 essence de 530 chevaux immatriculé cette année (Crit'Air 1, mais qui doit quand même s'affranchir du malus maximum de 40.000 euros) serait "moins polluant" qu'une Renault Twingo, même immatriculée avant 1997. Un modèle "sans vignette", une catégorie souvent considérée comme la catégorie "la plus polluante" du système français mis en place en 2016.

Le malus au poids, introduit cette année, vise justement à corriger cette imperfection du système Crit'Air en ajoutant au malus automobile (fixé en fonction du niveau d'émissions de CO2), une surtaxe pour chaque kilogramme au-delà d'un certain seuil.

Mise en danger de la vie d'autrui

Mais au-delà des questions de polluants et d'émissions, c'est un autre problème que pointent les "dégonfleurs". Ils n'ont en effet pas vraiment en tête de regarder la vignette Crit'Air, comme on peut le lire dans le tract déposé sur le pare-brise: "Votre SUV est hybride ou électrique? Peu importe, sa taille et son poids énorme engendrent un coût environnemental démesuré et le rendent plus dangereux." Certains modèles peuvent en effet atteindre ou dépasser les deux tonnes, ce qui donnent des véhicules beaucoup plus imposants et donc gourmands en matières premières que des voitures de plus petites tailles.

Ces actions anti-SUV se multiplient ces derniers mois, en région parisienne mais aussi à Toulouse, Rennes ou encore sur l'Île de Ré. Une pratique qui toutefois peut être punie pour mise en danger de la vie d'autrui. Les contrevenants risquent un an de prison et 15.000 euros d'amende.

https://twitter.com/Ju_Bonnet Julien Bonnet Journaliste BFM Auto