Dashcams: bientôt tous filmés sur la route?

Ces petites caméras embarquées, ou dashcams, filment la route en continu afin d'apporter des éléments en cas d'accident ou juste de conserver quelques souvenirs de son trajet. Un succès grandissant en Europe et en particulier en France.

C'était un petit boitier plus ou moins discrètement placé à côté du rétroviseur intérieur. Sa mission: filmer la route en continu pour rendre compte en cas d'accident... ou rentrer chez soi avec un joli souvenir de sa voiture préférée croisée sur un trajet ou toute autre scène cocasse.

Pour résumer simplement, le ou les modules vont enregistrer des séquences d'une, deux ou trois minutes (paramétrable sur la caméra), en boucle continue, c'est à dire que les vidéos nouvelles effacent les précédentes, sauf en cas de sauvegarde. Les daschcams sont en général équipées d'un capteur gyroscopique qui peut en effet figer des séquences dans un dossier séparé en cas de mouvement suspect du véhicule par exemple.

Un marché à 30 millions d'unités par an dans le monde

Qu'on l'appelle dashcam ou caméra embarquée, cet appareil se retrouve sur un nombre croissant de pare-brises, ou encore sur la lunette arrière des véhicules, voire des casques de motos.

C'est ce que nous confirme Pascal Chevalier, responsable commercial chez Nextbase, leader du marché en Europe:

"Le marché mondial des dashcams est estimé à plus de 30 millions d'unités, soit 2 milliards d'euros de chiffre d'affaires. Chez Nextbase, nous avons connu une croissance d'environ 400% de nos volumes de ventes au cours des 5 dernières années, malgré le covid et ce qui reflète surtout notre développement dans de nouveaux territoires."

Si le gros des ventes se font en Asie et en Russie, en Europe, le premier marché, et de loin, se situe au Royaume-Uni avec 1 voiture sur 7 équipée. Nextbase estime les ventes annuelles à 1 million d'unités, revendiquant pour sa part 77% de part de marché. Le reste du continent représente 500.00 unités par an, sans inclure les pays d'Europe de l'Est. En comparaison, le marché américain est à 1,4 million de ventes annuelles de daschcams. Nextbase y est leader, mais face à davantage de concurrents, avec une part de marché à 23%.

Rassurant en cas de dommages

Les particuliers s'équipent donc de plus en plus, mais aussi les pros. Taxis et VTC en particulier qui y voient bien sûr une sécurité supplémentaire en cas de dommages afin d'établir les responsabilités. Nextbase était ainsi présent au dernier salon des taxis à Paris mi-juin, avec une gamme complémentaire aux versions grand public.

Quelle que soit la cible, c'est avant tout cet enjeu de la responsabilité en cas d'accident qui motive l'achat. Pascal Chevalier met ainsi en avant "la préservation du capital investi dans la voiture" et "un plus pour l'assureur en termes de compréhension: en cas d'accident, même non-responsable qualifié en 50/50, un malus et une franchise peuvent s'imposer au conducteur en frais additionnels". Sur des accidents graves, c'est "au juge de définir s'il faut ou non exploiter ces vidéos, à charge ou à décharge".

Un attrait pour ce côté sécurisant que confirme Frédérique Baron, responsable commerce omnicanal électronique embarquée chez Norauto, qui commercialise plusieurs marques, Nextbase et ses principaux concurrents en France, Pionneer, Garmin et Norauto sous sa propre marque:

"La dascham permet de donner des éléments de contexte à des situations inattendues. Nous avons commencé les ventes il y a environ 3 ans, avec une vraie volonté des consommateurs de s'équiper, on est sur une croissance à deux chiffres du marché. Les gens n'ont pas forcément de marque en tête, le choix se fait plutôt par rapport aux fonctions proposées: la géolocalisation, la possibilité de connecter sa dashcam à son smartphone."

Côté budget, il faut compter selon elle au moins 75 euros pour une dashcam non-connectée de bonne qualité, et autour de 140 euros pour un modèle connecté. Norauto propose aussi l'installation, pour 63 euros, ce qui peut être attractif si on ne veut pas prendre le temps de réaliser une installation propre, surtout avec une double-caméras, avant-arrière.

Chez Nextbase, la gamme démarre actuellement à 65 euros et, pour son modèle haut de gamme, capable de filmer en 4K avec stabilisation d'images, il faut débourser 290 euros.

Les assureurs ne jouent pas (encore) le jeu

Du côté des assureurs en revanche, peu prennent finalement la possession d'une dashcam dans le calcul de la prime annuelle, même si les partenaires de Nextbase ont pu le pratiquer, il s'agissait d'opérations ponctuelles, remise de 100 euros chez Acommeassure.com, de 10% chez L'Olivier Assurance.

"Encore peu de sociétés d'assurances se sont emparées du sujet, et nous sommes le seul acteur investi dans ce type de partenariat. Le marché a besoin de nouvelles initiatives pour sensibiliser le public", estime Pascal Chevalier.

.A voir ce que proposera peut-être un jour Tesla en France, avec son assurance déjà lancée dans certains états américains et la promesse d'une réduction de prime de 60% pour un "bon conducteur".

En attendant ce futur hypothétique, Tesla est par ailleurs la seule marque à proposer de série une fonction "dashcam" avec autant de possibilités: sauvegarde de séquences depuis les 4 angles de caméras qui entourent le véhicule et un mode "sentinelle" qui conservera les vidéos en cas d'approche du véhicule quand celui-ci est garé. Un gros plus par rapport aux dashcams qui ne peuvent pas fonctionner contact coupé si elles sont branchées sur l'allume-cigare.

La dashcam, bien légale?
Question qui revient souvent chez les acheteurs: oui, l'utilisation de la dashcam est bien légale. "A l'exclusion du Luxembourg et de l'Autriche (vente et achat possible mais usage interdit), les dashcams sont autorisées partout en Europe", confirme Pascal Chevalier. C'est la diffusion de ces images qui nécessitent quelques précautions, comme flouter les plaques et les visages, en lien avec le Règlement européen sur la protection des données (RGPD).

https://twitter.com/Ju_Bonnet Julien Bonnet Journaliste BFM Auto