Comment la grève des transports pousse les automobilistes à se mettre ou se remettre au scooter

Pendant les grèves, les professionnels du scooters voient leur activité grimper avec des nouveaux acheteurs ou des réparations à faire d'urgence - THOMAS SAMSON / AFP
Après plus d'une semaine de grève des transports, les Franciliens n'en peuvent plus. S'ils sont nombreux à passer au vélo, d'autres ont préféré enfourcher un scooter. Les uns ont ressorti celui qui dormait au garage en attendant le printemps, d'autres sont allés en acheter un en urgence. Une tendance qui a eu un double impact pour les professionnels des deux-roues motorisés.
"Il y a eu une répercussion quasi immédiate, depuis la semaine dernière, nos ventes ont grimpé de 20 à 25%", nous assure le responsable de Paris Scooter, un magasin du 10e arrondissement de Paris. "Les clients achètent ce qu'il y a de moins chers mais la plupart prennent ce qu'il nous reste en stock et nous nous réapprovisionnons aussi vite que possible", poursuit ce spécialiste.
Le modèle qui a le plus de succès est le Peugeot Kisbee en 50cc, un scooter urbain vendu à partir de 1500 euros.
Faute de révision à temps, des réparations en urgence
A Vincennes, MJ Scooter a vu son stock se vider en en quelques jours. "Nous avons de nombreux modèles mais nous sommes surtout spécialisés dans les scooters à trois roues, les MP3 de Piaggio qui sont les plus prisés par les automobilistes. Depuis quelques jours, les modèles d'occasion entre 2500 et 6000 euros partent très rapidement", nous explique le responsable du magasin dans lequel les scooters partent vite. "On nous les réserve même par téléphone", poursuit le spécialiste.
Les effet de la grève ne se limitent pas à l'achat. Les services de réparation voient débouler des clients pour des réparations à faire de toute urgence. "Les machines sont poussées comme elles ne l'avaient jamais été. Les gens roulent plus, plus longtemps et dans de mauvaises conditions. Conséquences, ils viennent en urgence pour des courroies cassées et des pneus à changer", explique MJ Scooter à BFM Auto. Cette situation inédite à contraint l'atelier à faire appel à un troisième mécanicien.
Les électriques encore trop chers par rapport aux thermiques
Pour Alain Malbrel, gérant de Del Sarte Moto (Paris 18ème), ces pannes auraient pu être évitées si les révisions d'usage avaient été faites dans les temps. "Habituellement, en cette saison, les clients en profitent pour nous laisser leur engin pour les révisions, mais avec les grèves, ils remettent ça à plus tard et nous les voyons revenir pour des réparations à faire d'urgence. Nous faisons ce que l'on peut pour avoir les pièces nécessaires au plus vite", explique Alain Malbrel qui a fait appel à un intérimaire pour faire face à ces urgences. Par contre, le patron de Del Sarte Moto ne vend pas plus que d'habitude. "Nous sommes spécialisés dans l'électrique et pour affronter les grèves, les clients cherchent des modèles pas chers. Les scooters électriques coûtent environ le double que les thermiques", regrette Alain Malbrel.
Ces pics d'activité ne sont pas la règle dans tous les magasins spécialisés. A Saint-Maur-des-Fossés (Val de Marne), le gérant de Mondial City, a une explication. "En 1995, les automobilistes s'étaient rués pour en acheter afin de pouvoir aller travailler. Aujourd'hui, la donne a changé. La plupart des clients peuvent se permettre de faire du télétravail et préfèrent rester chez eux plutôt que de piloter un deux-roues dans les encombrements avec en plus une météo difficile", explique le responsable de la concession tout en reconnaissant que de plus en plus d'automobilistes sont passés au deux-roues. "Entre 2018 et 2019, l'engorgement de la circulation a fait grimper les ventes de 13% dans notre réseau et cette croissance devrait se poursuivre en 2020", indique le patron de la concession.
Cette tendance touche principalement la France. L'Association européenne des constructeurs de motos (Acem) constate que la progression européenne est de 13% mais la France est bien au dessus avec 17% de croissance pour les motos et scooters de petites cylindrées au premier semestre 2019. Quant aux scooters électriques, les professionnels sont confiants.
Pour Lionel Favre, directeur de Peugeot Motocycle France, les ventes de deux-roues électriques devraient doubler d'ici à janvier 2020. Et pour cause, ces engins ne dégagent pas de fumée d'échappement et ne font aucun bruit, deux types de pollution que la Ville de Paris a décidé d'éradiquer. Reste à gérer les problèmes de stationnement qui créent des nuisances qui pour le moment se règlent à coups de PV.
