60 milliards envolés en 3 mois: pourquoi Bernard Arnault est le seul grand milliardaire à "perdre" de l'argent en 2023

L'année 2023 ne semble pas partie pour être un bon millésime pour Bernard Arnault. Devenu en 2022 la première fortune de la planète devant Elon Musk (inédit pour un Français), le milliardaire français voit son patrimoine fondre depuis quelques mois.
Après avoir atteint un pic début juillet à 212 milliards de dollars selon le Bloomberg Billionaires Index, la fortune du patron fondateur de LVMH ne cesse depuis de dégringoler. En trois mois, ce sont près de 60 milliards de dollars de valorisation qui se sont évaporés, soit une baisse de 28%. Bernard Arnault, qui était en janvier dernier plus riche que les milliardaires Bill Gates et Warren Buffett réunis, est désormais dans le "rouge" en ce qui concerne son patrimoine professionnel. Cette semaine, Jeff Bezos, le fondateur d'Amazon qui a pris de la distance avec son entreprise, lui est même repassé brièvement devant.
Dans le top 10 des plus grandes fortunes de la planète, le Français est même le seul à subir une contraction de son patrimoine en 2023. Alors qu'Elon Musk "a gagné" près de 89 milliards de dollars jusqu'ici, Jeff Bezos 45 milliard, Mark Zuckerberg 69 milliard et une quarantaine de milliards chacun pour les fondateurs de Google Larry Page et Sergey Brin, le roi du luxe a, lui, "perdu" près de 8 milliards.

Alors que les milliardaires de la tech, après deux années moroses, profitent à plein de l'effet IA sur leurs cours de Bourse, il y a moins de paillettes dans la vie du géant du luxe depuis quelques mois. Le match boursier tech contre luxe tourne largement en faveur du premier secteur en 2023.
Fin de l'euphorie pour LVMH
La chute du patrimoine Arnault s'explique en effet par les déboires boursiers de LVMH dont le milliardaire français est actionnaire à hauteur de 40% via la société Christian Dior et de 6% à travers une holding familiale.
Or le numéro 1 mondial du luxe, après avoir profité à plein des réouvertures de la période post-Covid, connaît un coup de pompe depuis quelques mois au regard des standards des marchés du luxe.
Les ventes du groupe n'ont ainsi progressé "que" de 9% sur un an au troisième trimestre (19,96 milliards d'euros) alors que la croissance était de 17% sur les trois mois précédents. Des chiffres qui rendent analystes et investisseurs frileux sur les perspectives à venir du groupe.
Jusqu'alors tirées par les activités asiatiques (+34% au deuxième trimestre), les ventes du groupe retrouvent un niveau "normal" sur ces marchés à +11%.
Mais plus globalement, c'est l'ensemble des activités de LVMH (à l'exception de Sephora et du retail) qui sont dans une période moins euphorique. La maroquinerie, navire amiral du groupe avec Louis Vuitton, a fait moins bien que les attentes des analystes avec une hausse de 9% (contre 11% pour le consensus). Du côté des vins et spiritueux c'est même la gueule de bois avec des ventes en baisse de 14% sur le trimestre en raison d'une chute de 21% sur les cognacs.
Le contexte inflationniste pèse aussi sur le budget ou le moral des acheteurs de produits du luxe. C'est qu'estime Jean-Jacques Guiony, le directeur financier de LVMH pour qui ces "pressions" pénalisent les clientèles les plus jeunes et les moins fortunées qui recherchent des marques moins chères en cette période.
