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Strasbourg: un jumelage avec un camp palestinien sème la zizanie au conseil municipal

Des manifestants brandissent des pancartes et le drapeau israélien devant l'hôtel de ville de Strasbourg lors d'un rassemblement organisé par le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) pour protester contre le projet de jumelage entre la ville de Strasbourg et le camp palestinien d'Aïda, à Strasbourg, dans l'est de la France, le 23 juin 2025.

Des manifestants brandissent des pancartes et le drapeau israélien devant l'hôtel de ville de Strasbourg lors d'un rassemblement organisé par le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) pour protester contre le projet de jumelage entre la ville de Strasbourg et le camp palestinien d'Aïda, à Strasbourg, dans l'est de la France, le 23 juin 2025. - FREDERICK FLORIN / AFP

Un projet de jumelage de la ville de Strasbourg avec le camp palestinien d'Aïda a provoqué la colère de certaines associations. La proposition est portée ce lundi 23 juin par la mairie au conseil municipal.

Le projet de jumelage de la ville de Strasbourg avec le camp palestinien d'Aïda, qui est soumis au vote du conseil municipal ce lundi 23 dans l'après-midi, sème la zizanie, l'opposition accusant la maire d'"importer le conflit".

Avant même le début du conseil, une cinquantaine de membres de la communauté juive de Strasbourg se sont réunis en début de matinée devant le centre administratif pour manifester contre ce projet de jumelage, à l'appel du Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France) Alsace, du Consistoire israélite du Bas-Rhin et du Fonds social juif unifié (FSJU).

Ces organisations entendaient manifester leur soutien à Israël et réclament de la part des élus de "véritables initiatives de paix". Elles demandent aussi la reprise du jumelage de Strasbourg avec la ville israélienne de Ramat Gan. Ce jumelage, qui date de plus de 30 ans, est "gelé", car les "conditions ne sont pas réunies", avait précisé en mai à l'AFP la maire écologiste, Jeanne Barseghian.

Elle avait annoncé parallèlement sa volonté de nouer un jumelage avec le camp d'Aïda, situé près de Bethléem, en "soutien au peuple palestinien".

Benjammin "Netanyahou, il passera, la guerre finira, bientôt j'espère. Mais l'existence d'Israël, c'est-à-dire le sionisme, on ne peut pas le remettre en question sous prétexte que le dirigeant actuel et que la guerre actuelle on les réprouve", a déclaré Dalia Adjedj, l'une des manifestantes.

La mairie de Strasbourg critiquée pour un keffieh

Sur les pancartes brandies, des slogans tels que "la paix au Proche-Orient et à Strasbourg", ou "Soutien à la ville de Ramat Gan sous les bombes".

À quelques mètres, une poignée de manifestants ont scandé des slogans de soutien à la Palestine, remettant en cause le gouvernement Netanyahou et appelant les "juifs à (les) rejoindre contre le sionisme, pas contre le judaïsme".

Le mois dernier, le Crif avait exprimé sa "consternation" puis critiqué le keffieh porté par Jeanne Barseghian lors de la visite à Strasbourg d'une délégation du camp d'Aïda ainsi que le cadeau reçu: une "carte d'Israël couverte de drapeaux palestiniens sur tout le territoire sur lequel Israël a disparu".

"Accepter un tel cadeau tout en portant le keffieh quand on représente la ville de Strasbourg est un choix politique grave et lourd de sens", avait déploré le Crif.

La Licra (Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme) a de son côté annulé une action éducative prévue début juin en partenariat avec la mairie de Strasbourg, déplorant un "militantisme aux accents antisionistes".

Quant à l'opposition, elle a reproché à Jeanne Barseghian d'avoir "contribué à importer ce conflit dans notre ville, jetant de l'huile sur le feu et provoquant l'incompréhension - voire l'indignation - de nombreux Strasbourgeois, de toutes origines et de toutes convictions, légitimement inquiets face à l'escalade dramatique au Proche-Orient".

Dans une missive commune, Pierre Jakubowicz (Centristes et progressistes), Catherine Trautmann (Faire ensemble Strasbourg) et Jean-Philippe Vetter (Union de la droite et du centre) ont réclamé le dégel du jumelage avec Ramat Gan, en Israël.

Tags antisémites

À l'inverse, plusieurs partis (PCF, NPA, La France insoumise) et syndicats de gauche (FSU, Solidaires, CGT) ont soutenu la maire EELV. Le jumelage avec Aïda vise à renforcer les échanges et la coopération dans les domaines de la jeunesse, selon la municipalité.

La délibération présentée en Conseil municipal, qui doit être soumise au vote en début d'après-midi, précise que Strasbourg "réitère son appel à une paix juste et durable, à un cessez-le-feu immédiat et à la fin du siège de Gaza, ainsi qu'à la libération immédiate et sans condition des prisonniers et otages, dans le respect des résolutions de l'Assemblée générale et du Conseil de sécurité des Nations unies".

Depuis l'attaque du Hamas du 7 Octobre 2023, des tags antisémites ont été retrouvés à Strasbourg. Jeanne Barseghian a "condamné fermement" cette recrudescence d'actes antisémites.

L'attaque du Hamas a entraîné la mort de 1.219 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un bilan de l'AFP réalisé sur la base de chiffres officiels. Plus de 55.700 Palestiniens, majoritairement des civils, ont été tués dans l'offensive israélienne à Gaza qui a suivi, selon les chiffres du ministère de la Santé de Gaza, jugés fiables par l'ONU.

L.P. avec AFP