Strasbourg: un collectif féministe rebaptise les rues avec des noms de femmes

La place des Étudiants devient la place des Étudiantes. Mercredi soir, le collectif Osez le Féminisme 67 a mené une opération de désobéissance civile pour renommer les rues de Strasbourg, en leur attribuant des noms féminisés, ou bien des noms de grandes femmes de l'histoire.
La rue des Grandes Arcades devient ainsi la rue Simone Veil. "On voulait un nom connu pour la rue des Grandes Arcades, et qui de plus connue que Simone Veil, par rapport à son combat pour le droit à l'avortement?", déclare Simon, membre du collectif qui participait mercredi soir à l'opération. "Ça nous paraissait quand même important qu'elle apparaisse dans le collage."
"Une réparation de l'histoire"
Armés de leurs balais, de colle naturelle à base de sucre et d'affichettes en papier recyclé, une dizaine de militants ont arpenté les rues strasbourgeoises pour recouvrir les plaques nominatives.
La place des Orphelins est transformée en quelques coups de brosse en place des Orphelines. La place du Marché-Gayot disparait sous le nom d'Aretha Franklin.
Une opération qui a attiré les regards de plusieurs curieux, dont certains ont même fini par rejoindre l'action du collectif. C'est le cas de Jan, volontaire de dernière minute. "J'ai vu des collages, et je me suis dit 'ça sent les collages féministes'. (...) L'idée de reprendre la rue, c'est une idée qui m'intéresse, dans le contexte où les rues sont très peu pensées pour les femmes ou les minorités de genre."
"C'est une forme de réparation de l'histoire", confirme Raphaëlle, qui passait dans les rues de Strasbourg mercredi soir. "C'est hyper important de se réapproprier notre matrimoine."
Moins de 5% des rues nommées après des femmes
À Strasbourg, en 2020, moins de 5% des rues portaient le nom d'une femme. Avec cette opération, le collectif Osez le féminisme 67 espère bien interpeller les habitants sur le manque de représentation des femmes dans l'espace public.
"On vit avec ça, avec des noms de Victor Hugo ou de Général Leclerc autour de nous, sans vraiment se dire 'Pourquoi ce ne sont pas des femmes?'", explique Aliénor Laurent, co-présidente du collectif. "On s'est habitué, et nous, on veut un peu bouleverser ça."
Et même si les affiches collées par l'association sont éphémères et devraient s'en aller avec les prochaines pluies, le collectif aimerait que la démarche devienne pérenne. Osez le féminisme 67 se dit même prêt à travailler avec la municipalité autour des changements de noms des rues.