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Sciences Po Strasbourg: après la suspension du partenariat avec une université israélienne, l'établissement visé par des menaces

Les locaux de Sciences Po Strasbourg.

Les locaux de Sciences Po Strasbourg. - Wikipedia Creative Commons

Après la suspension, par Sciences Po Strasbourg, d'un partenariat avec une université israélienne, l’établissement est la cible de nombreuses menaces et d’intimidations.

Le conseil d'administration de Sciences Po Strasbourg a décidé de suspendre son partenariat d'échange d'étudiants avec l'université Reichman, basée à Herzliya, en Israël, en raison de ses positions concernant la guerre à Gaza et au Liban.

Une décision qui avait provoqué de multiples réactions, notamment de la part du ministère de l’Enseignement supérieur qui avait "déploré" la fin de la collaboration entre les deux établissements.

Un mail de pression reçu par l'IEP

Ce mardi 5 novembre, la polémique a encore gonflé, lorsque le président de l’université et de l’IEP, ainsi que des professeurs de Sciences Po ont reçu un mail de menace.

"Si vous ne revenez pas sur cette décision, j’informerai mes réseaux et collègues de votre manque de discernement et de justice", écrit l'émetteur du message.

"Je mobiliserai mon réseau et mes connaissances pour qu’il n’y ait ni embauche des étudiants de Science Po Strasbourg, ni soutien des entreprises à l’IEP", ajoute-t-il.

Des menaces sur les réseaux sociaux

Sur X, des étudiants du conseil d'administration ayant voté pour la fin du partenariat ont été violemment pris pour cible. Sur le réseau social, un utilisateur a même appelé à "bombarder" l’IEP alsacien, alors qu’un autre réclame "un attentat islamiste" dans l’établissement.

De leur côté, les étudiants du conseil d'administration dénoncent le manque de soutien du directeur de Science Po Strasbourg. Jean-Philippe Heurtin avait confié à BFM Alsace se sentir honteux de la fin du partenariat et avait indiqué s'y être "opposé très fermement". Selon les informations de BFM Alsace, Jean-Philippe Heurtin a d’ailleurs annoncé vouloir remettre ce sujet sur la table du prochain conseil d’administration.

"Il dit partout dans les médias que le partenariat reste que la motion n’a aucun effet véritable et au final, il veut quand même aller contre, donc il faut qu’il soit clair dans ses propos", dénonce Simon Levan, étudiant élu suppléant au conseil d’administration de Sciences Po Strasbourg.

Une fin de partenariat dénoncée

En dehors du directeur, le vote de cette motion par le conseil d'administration de l’établissement a provoqué l’indignation chez des chercheurs et intellectuels strasbourgeois. Une vingtaine d’entre eux ont signé une tribune dans laquelle ils condamnent la fin du partenariat l'université Reichman et évoquent une "punition collective". Ils appellent l’établissement à revenir sur cette décision.

Dans un communiqué, le conseil d'administration s’est défendu des nombreuses accusations dont il est la cible. "Cette décision ne résulte en aucun cas d’un appel au boycott généralisé des universités israéliennes, mais tient au positionnement de cet établissement dans la guerre en cours", indique-t-il.

"Nous dénonçons fermement l’instrumentalisation publique de cette décision et les accusations diffamatoires de ‘révisionniste’ ou encore d’antisémitisme", conclut-il.

Célia Sommer et Sylvain Allemand