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Nouveau lieu d'accueil à Strasbourg: la maire refusera de trier "les méchants et les gentils"

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Jeanne Barseghian a présenté le projet de nouveau lieu d'accueil pour personnes précaires en attaquant les propos tenus récemment par le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin.

"Nous ne trierons pas entre les méchants et les gentils", a déclaré ce jeudi la maire écologiste de Strasbourg, Jeanne Barseghian, en annonçant l'ouverture prochaine d'un "nouveau lieu d'accueil et de répit" pour personnes sans domicile ou immigrées.

"Strasbourg n'est pas le pays de Candy. Nous n'avons pas une vision simpliste de la situation des personnes", a déclaré la maire en conférence de presse, taclant le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, qui avait déclaré mercredi vouloir "être méchant avec les méchants et gentil avec les gentils", à l'appui de son projet de loi sur l'immigration.

"Nous voyons des êtres humains qui fuient leurs pays dans des situations difficiles, il suffit d'échanger pour se rendre compte de la complexité de leurs parcours de vie", a complété Jeanne Barseghian pour justifier l'ouverture d'un "lieu ressource" pour les "exilés".

L'ouverture de ce lieu, baptisé "La T'Rêve", fait l'objet d'une délibération présentée au conseil municipal lundi. En cas de vote favorable, très vraisemblable, le site sera inauguré le 29 novembre.

Plusieurs services proposés

La création de ce lieu s'appuie sur l'expérience acquise par les pouvoirs publics locaux au premier semestre, quand avait été installé un "centre de pré-accueil" pour gérer localement l'arrivée de milliers d'Ukrainiens fuyant la guerre.

"On s'est rendu compte de l'importance d'avoir un lieu où on peut se coordonner avec l'ensemble des acteurs, pouvoirs publics, associations, ça a clairement porté ses fruits" pour l'accueil des Ukrainiens, a souligné Jeanne Barseghian.

La T'Rêve est présentée comme un "lieu d'information et d'orientation" des personnes sans domicile, en même temps qu'un "lieu de répit" permettant d'accéder à certains services (lingerie, salle informatique...).

En matière d'hébergement d'urgence, l'Eurométropole de Strasbourg doit approuver vendredi la création de 106 nouvelles places. Cet engagement porte à 500 le nombre de places créées depuis 2020 par la ville (200 places) et la métropole (300 places), représentant un budget annuel de 3 millions d'euros.

"Il s'agit d'hébergement pérenne, avec accompagnement social", a rappelé Jeanne Barseghian. "Cela va bien au-delà de nos compétences, puisque cette responsabilité incombe normalement à l'Etat."

Selon la municipalité, fin 2021, "plus de 2600 personnes étaient hébergées à l'hôtel" par l'État, mais "entre 400 et 500 personnes" vivaient encore "dans des campements ou des squats".

"Pour la mairie, ça représente beaucoup de moyens", a soutenu Jeanne Barseghian, mais "l'État, lui, a la possibilité d'empêcher que ces personnes dorment dans la rue".

A.T. avec AFP