Manque de personnel, de rames, d'infrastructures: le REME, un projet "intenable" pour les cheminots alsaciens

Il était "aux premières loges", selon sa propre expression. Clément Soubise, représentant syndical CGT Cheminots de Strasbourg, était sur le pont dimanche pour le lancement du Réseau express métropolitain européen (REME).
Cette journée très attendue, l'intéressé aurait espéré qu'elle se déroule "mieux". "On a été contraints de supprimer des trains faute de personnel", a-t-il déploré ce lundi matin dans la matinale de BFM Alsace, se faisant l'écho d'une "certaine amertume pour les cheminots, qui sont très volontaires pour faire plus de trains, mais qui depuis plusieurs mois revendiquent les moyens de le faire".
Car voilà, pour Clément Soubise, il manque "plusieurs centaines" de salariés pour faire tourner le REME, un projet qui doit révolutionner les transports en commun en Alsace, avec quelque 800 trains de plus chaque semaine, des trains toutes les quinze minutes aux heures de pointe ou encore des rames directes.
"Une absurdité arithmétique"
"Depuis le premier confinement, on n'a pas tenu de plan de transport un seul jour, expose-t-il. On n'a jamais été capables de faire du 100%. Dans ces conditions-là, du jour au lendemain, on nous demande de faire du 130-140%. C'est une absurdité arithmétique, c'est une absurdité industrielle aussi."
Clément Soubise craint que l'entrée en vigueur du REME rime avec une détérioration des conditions de travail pour les cheminots: "journées à rallonge", stress, renoncement à des jours de repos, etc.
Sans compter les conséquences sur la clientèle. "Par exemple, dans certains postes d'aiguillage, des gens travailleraient 10 heures sans pause, illustre-t-il. Dans un poste d'aiguillage, ça pose aussi des questions de sécurité."
La gare de Strasbourg déjà "dans le rouge"
Si la SNCF prévoit de recruter des cheminots au fur et à mesure de l'augmentation de la cadence, prévue dans les prochains mois, les problèmes relatifs aux rames et aux infrastructures restent entiers de l'avis du syndicaliste.
La maintenance ferroviaire, notamment, pose question. Quant à la gare de Strasbourg, elle "n'est pas adaptée au projet" puisqu'elle "est déjà saturée". "On est dans le rouge à peu près à chaque fois", constate Clément Soubise.
Dans l'ensemble, c'est "un manque de préparation, un manque de clairvoyance" qu'il pointe du doigt: "On annonce des choses qui sont intenables de façon un peu tonitruantes, spectaculaires, dans la presse en sachant pertinemment qu'on ne pourra pas tenir ce qui a été annoncé".