Le Mulhouse Olympic Natation réclame des subventions à l'agglomération

Accusé par l'agglomération d'occuper "sans droit ni titre" une piscine publique, le Mulhouse Olympic Natation (MON) s'est défendu ce vendredi 23 février, jugeant "économiquement invivable" la convention de partenariat proposée par la collectivité, et appelant au paiement de 1,8 million d'euros de subventions "dues".
Diminution des subventions
"Si aujourd'hui il n'y a pas de nouvelle convention (autorisant le club à occuper le site, NDLR), c'est parce que M2A (Mulhouse Alsace Agglomération) ne nous en a pas proposé une nouvelle qui soit viable pour le club", a déclaré en conférence de presse le président du MON, Franck Horter, dans les locaux du Centre d'entraînement à la natation.
Club formateur de la première championne du monde de la natation française et ancienne ministre des Sports, Roxana Maracineanu, le Mulhouse Olympic Natation avait conclu en 2011 et pour 16 ans une convention avec l'agglomération, qui mettait à sa disposition exclusive, contre paiement d'une redevance locative, le centre d'entraînement et son bassin extérieur de 50 mètres, tandis que le club bénéficiait de subventions annuelles significatives, allant jusqu'à 482.000 euros.
Mais l'agglomération a revu la convention et diminué ses subventions à partir de 2021, alors que le club et ses dirigeants faisaient l'objet d'enquêtes judiciaires, portant notamment sur la gestion des comptes.
En 2022, la subvention de fonctionnement s'élevait à 95.000 euros, en plus de 24.000 euros pour l'accompagnement de quatre nageurs inscrits sur les listes des sportifs de haut-niveau. Selon le club, ces subventions n'ont pas été reconduites en 2023. Dans le même temps, la redevance locative, demandée au club pour l'accès au site, s'élevait à environ 120.000 euros.
"Évidemment nous étions vent debout contre ça. Mais une des réponses (de M2A) a été 'soit vous signez, soit vous ne rentrez plus'" sur le site, s'est indigné Franck Horter.
Mardi, M2A avait annoncé que le club occupait "sans droit ni titre" depuis le 1er février le centre d'entraînement, et présentait une dette à son égard de 72.500 euros. "Si l'agglomération veut la fin du MON, il faut le dire, et il faut l'assumer", estime-t-il au sujet d'un club où sont aussi passés Amaury Leveaux et Laure Manaudou.
"Ce que nous réclamons (...) c'est la totalité des subventions"
"Ce que nous réclamons à M2A, c'est la totalité des subventions qui n'ont pas été versées depuis 2021, soit 1,8 million d'euros", a-t-il déclaré, faisant fi du changement de la politique de subventionnement.
Il a par ailleurs estimé que le MON, "qui a réuni les fonds" dans les années 2000 pour la construction du centre, "aurait dû être propriétaire de l'équipement".
Selon une "convention de financement" de M2A, la construction du site a coûté 5,9 millions d'euros déboursés par le Centre national de développement du sport (23%), le Conseil régional (24,5%), le Conseil départemental (24,5%), M2A (22%), le MON (4,4%) et EDF (1,7%).
Le président du club Franck Horter, le principal entraîneur du club Lionel Horter, sa femme, Marjorie Horter, et sa mère, Marie-Octavie Horter, ex-vice présidente de la Fédération française de natation, sont convoqués au tribunal en avril, poursuivis pour abus de confiance, abus de biens sociaux, présentation de bilans inexacts et recel.
Le préjudice "se calcule en centaines de milliers d'euros", selon le parquet de Mulhouse.
Le club, lui, est convoqué fin mars au tribunal de Mulhouse en vue d'un éventuel placement en redressement ou en liquidation judiciaire.
Une médiation en cours
Des représentants du Collectif de Soutien au Mulhouse Olympic Natation ont été reçus lundi 19 février à Mulhouse au Centre Sportif Régional Alsace pour entamer une médiation avec la collectivité. Cette dernière s'est engagée à transmettre au club la liste des documents manquants pour "procéder au contrôle de gestion et conditionnant le versement des subventions au MON", indique le collectif dans un communiqué.
"Cette opération de médiation devrait permettre dans un premier temps le déblocage des subventions", espère le collectif.
Celui-ci espère aboutir "rapidement à une sortie de crise et à des solutions concrètes pour assurer la survie de ce club d’excellence à court et long terme."