"Je ne veux pas qu'il soit oublié": la mère de l'accompagnateur tué dans l'incendie de Wintzenheim témoigne

Les secours sur les lieux de l'incendie du gîte de Wintzenheim, dans le Haut-Rhin, le 9 août 2023 - Sebastien BOZON © 2019 AFP
Un an plus tard, l'émotion est toujours vive. Ce vendredi 9 août marque le premier anniversaire du drame survenu à Wintzenheim (Haut-Rhin). Onze personnes avaient trouvé la mort lors d'un incendie survenu dans un gîte abritant des adultes handicapés. Parmi les victimes se trouvait Thibaud, 33 ans, un accompagnateur.
Sa mère, Camille Julien-Roth, professeure d'histoire-géographie, est en arrêt maladie depuis le drame. Auprès du Parisien ce vendredi, elle revient sur les actes de son fils, qui, ce jour-là, est retourné affronter avec courage les flammes au sein du centre d'accueil pour sauver les personnes restées à l'intérieur.
S'il a réussi à extraire trois personnes des lieux, il n'a pas pu sauver les autres, et a succombé lui aussi dans ce sinistre.
"On a beaucoup parlé des dix personnes handicapées qui sont décédées, mais moins de mon fils. Il est la onzième victime et je ne veux pas qu'il soit oublié. Je voudrais qu'il soit décoré, il a sauvé des vies au péril de la sienne", explique-t-elle.
Et d'ajouter: "quand j'ai appris qu'il y avait un incendie, je savais qu'il allait sauver des vies car c'était dans son tempérament (...) Il était sans cesse tourné vers autrui, il aurait été impensable pour lui de laisser ces personnes à l'intérieur sans tenter de les aider".
Un combat pour le statut d'accompagnateur
Depuis la mort de son fils, Camille Julien-Roth s'est fortement investie dans la défense du statut d'accompagnant que portait Thibaud. Elle s'est notamment souvenue de toutes les tâches que celui-ci devait accomplir lorsqu'il se rendait sur un lieu de vacances avec des groupes de personnes handicapées. "Beaucoup trop pour une seule personne" pour gagner "à peine plus d'un smic", dit-elle.
La professeure se bat donc aujourd'hui pour que des postes bien définis soient établis. "Je devais être reçue par la ministre en charge des personnes handicapées, j'attends toujours", confie-t-elle.
En ce qui concerne l'enquête judiciaire toujours en cours dans le cadre de cet incendie, Camille Julien-Roth tente de ne pas y penser. "Je sais juste que Thibaud n'a pas souffert, mais il aurait peut-être pu éteindre le feu si le gîte avait été aux normes. S'il y avait eu une sortie de secours qui donne sur l'extérieur à cet étage-là, cela aurait pu sauver leurs vies", affirme-t-elle auprès de nos confrères.
La gérante mise en examen
En octobre dernier, la gérante du gîte avait été mise en examen pour "homicide involontaire" et placée sous contrôle judiciaire lorsqu'il était apparu que les lieux n'avaient pas été déclarés et n'étaient pas aux normes.
Sollicité par l'AFP, le parquet a indiqué que l'information judiciaire était toujours en cours et qu'il n'y a pas de nouvelle mise en examen. L'association Oxygène, qui avait co-organisé le séjour, a depuis fermé ses portes.
Un an après le drame, la mère de Thibaud s'estime consciente que la propriétaire "n'a jamais eu la volonté de créer un tel incendie mortel" et qu'un procès ne lui rendra pas son enfant.
Le jour de l'hommage rendu sur les lieux du drame ce vendredi, elle s'est sentie incapable de répondre à l'invitation, et a choisi de se recueillir sur la tombe de son fils. Une stèle en hommage aux victimes a tout de même été inaugurée: "à la mémoire des victimes de l'incendie survenu à La Forge le 9 août 2023".