INFO BFM ALSACE. Sciences Po Strasbourg: le partenariat avec l'université Reichman maintenu après un vote

Des étudiants de Sciences Po Strasbourg (Bas-Rhin) bloquant l'entrée du bâtiment universitaire le mardi 28 janvier 2025. - BFM Alsace
Le conseil d'administration de Sciences Po Strasbourg a décidé de maintenir le partenariat avec l'université Reichman en Israël, au cours d'un vote serré du conseil d'administration à 16 voix pour, 14 contre et trois votes blancs.
L'instance n'a donc pas suivi l'avis du comité d'examen, composé d'étudiants et de professeurs de Sciences Po, créé en mars dernier, pour étudier le bien-fondé du partenariat qui lie les deux établissements.
Ce partenariat est à l'origine d'un blocage qui s'était étendu depuis janvier 2025 et jusqu'au dimanche 9 mars dernier. En conséquence, les étudiants entendent bloquer le bâtiment Cardo de Sciences Po Strasbourg mercredi 9 avril matin.
"Un enseignement problématique du droit international"
Dans le rapport que BFM Alsace a pu consulter, le comité développait plusieurs arguments allant à l'encontre du partenariat avec cette université israélienne, notamment une "une interprétation des obligations internationales en matière de torture et de traitements cruels [...] qui s'oppose à ce qui est enseigné au sein de Sciences Po Strasbourg".
Le comité paritaire conseillait de rompre les liens avec l'université Reichman et de nouer un nouveau partenariat en Israël, basé sur des critères académiques développés tout au long du rapport, comme le respect du droit international, la liberté académique, la pluralité d'opinion et des cours adaptés à des étudiants de troisième année de licence.
Si le directeur de l'université alsacienne estimait en mars dernier "qu'à Sciences Po Strasbourg il y a autant de généraux, de membres de renseignements qui sont passés dans [ses] murs qu'à Reichman", l'exposition d'étudiants de licence à des personnalités de ce type "pose question" d'après le comité. Selon lui, le bagage intellectuel des étudiants de troisième année ne leur permet pas d'avoir un regard critique satisfaisant face au discours d'officiers de l'armée israélienne.
Des soutiens qui dérangent
Le comité paritaire répondait ainsi au ministre de l'enseignement supérieur qui déclarait récemment "qu'un établissement ne peut pas décider d’arrêter un partenariat pour des raisons politiques".
Le comité d'examen du partenariat affirme établir ses recommandations sur la base de critères académiques et non politiques. Toutefois, il développe une série de "critères non décisionnels" comme le soutien public de l'université Reichman à des officiers de l'armée israélienne comme Yisrael Shomer qui a abattu un adolescent palestinien d'une balle dans le dos en 2015, alors que ce dernier avait jeté une pierre sur sa voiture.
Des propos du président de l'université Reichman, Boaz Ganor, sont également mis en avant, comme ceux tenus lors d'une interview en février 2024 à propos de la Palestine.
"Même si demain nous parvenons à détruire la plupart ou la totalité des capacités militaires du Hamas et à neutraliser Yahya Sinwar, il reste encore au moins un million et demi de Palestiniens dans la bande de Gaza qui le soutiennent et formeront les prochains dirigeants.", avait déclaré le chef de l'établissement étudiant israélien.
Tout cela n'aura pas convaincu la majorité des membres du conseil d'administration qui ont décidé de maintenir le partenariat avec l'université de la banlieue de Tel Aviv.