Haut-Rhin: six mois de prison avec sursis pour avoir pillé des sites de la Grande Guerre

Une photo aérienne prise vers Orbey, où des combats ont eu lieu lors de la Premier guerre mondiale. - JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN / AFP
Dans la salle d'audience, les accusés étaient très attentifs. Ils sont restés plutôt silencieux, sauf pour répondre aux questions des juges. À l'annonce des faits, ils se tenaient droit les mains dans le dos.
Les deux hommes accusés d'avoir pillé des objets de la Première Guerre mondiale sur des champs de bataille du Haut-Rhin ont été condamnés ce jeudi à six mois de prison avec sursis par le tribunal correctionnel de Colmar. Âgés de 49 et 47 ans, ils ont également écopé d'une interdiction de détenir une arme pendant cinq ans et d'une amende de 500 euros.
Domiciliés dans le Haut-Rhin, cet auto-entrepreneur et ce carrossier avaient été interpellés en octobre dernier par les enquêteurs de l'Office central de lutte contre le trafic des biens culturels (OCBC), rattachés à la direction centrale de la police judiciaire, et les gendarmes de Colmar.
22 obus
Lors des perquisitions à leurs domiciles, un véritable arsenal avait été découvert: 20 kilos de cartouches, 22 obus, plusieurs dizaines de douilles d'obus, neuf fusils et pistolets, des masques à gaz et des baïonnettes ainsi que des plaques d'identification de soldats.
Les enquêteurs avaient aussi mis la main sur 12 grenades, dont trois "potentiellement dangereuses" ayant nécessité l'intervention de démineurs.
Des objets de la vie quotidienne (gamelles, bouteilles, bidons, gourdes, vaisselle) avaient en outre été saisis.
Irresponsabilité
La cour a insisté sur l'irresponsabilité de ces fouilles. Sur la dangerosité aussi, notamment avec la contamination des sols au mercure.
Les deux prévenus ont reconnu le caractère dangereux de leurs agissements. Mais pour ces deux passionnés d'histoire, il s'agissait en fait de collectionner des objets, de préserver la mémoire.
Finalement, l'un des deux accusés s'est excusé et a assuré ne plus reproduire ce genre d'activités. Il a même annoncé s'être mis à la cueillette des champignons, ce qui a fait sourire l'audience.
"Une perte colossale"
"Ces pillages constituent une perte colossale pour notre identité culturelle", avait indiqué le colonel Hubert Percie du Sert, chef de l'OCBC, à l'Agence France-Presse (AFP).
La destruction, la dégradation ou la détérioration du patrimoine archéologique est punie d'un maximum de sept ans d'emprisonnement et 100.000 euros d'amende, selon le code pénal.