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Haut-Rhin: colère de la mairie et des habitants à Saint-Louis après l'installation illégale de caravanes

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Alors que les riverains dénoncent de fortes nuisances sonores, la communauté des gens du voyage assure ne pas avoir le choix, l'aire d'accueil étant trop chère.

Une colère collective. Depuis plusieurs semaines déjà, une importante communauté des gens du voyage s'est installée illégalement à Saint-Louis, dans le Haut-Rhin. Si les riverains crient leur ras-le-bol et la municipalité gronde, la préfecture, quant à elle, reste silencieuse.

C'est au total une vingtaine de caravanes qui sont désormais garées sur plusieurs terrains de la commune. La quarantaine d'emplacements qui compose l'aire d'accueil reste pourtant vide. Une aberration pour Philippe Knibiely, premier adjoint au maire et délégué aux finances, à l'environnement et à la transition énergétique.

"Les communes ont respecté la loi en faisant des aires et en les mettant à disposition. Je demande qu'on nous donne les moyens pour faire respecter la loi et que les places qui sont mises à disposition soit effectivement occupées", réclame l'élu.

Et d'ajouter: "Si on peut s'installer partout en toute impunité, en prenant l'eau, en prenant l'électricité sans la payer, pourquoi on viendrait s'installer sur une aire officielle où il faut payer l'eau et l'électricité?"

"On n'a pas les moyens"

Pour les propriétaires des caravanes, cette aire est tout simplement "trop chère" pour s'y installer.

"On n'a pas les moyens de se mettre sur les terrains", explique Alfred Girea, membre de la communauté des gens du voyage installée à Saint-Louis. "L'électricité, ça coûte environ entre 25 et 35 euros par caravane et par jour."

"C'est pour cela qu'on se met sur d'autres places, on n'a pas les moyens", répète-t-il.

Une situation qui agace la municipalité mais également les habitants de Saint-Louis. "Nos concitoyens ne le comprennent pas", confirme Philippe Knibiely. "On est tous égaux devant la loi, et on demande simplement que ces lieux soient utilisés."

Silence de la préfecture

Pour le voisinage, le ras-le-bol s'explique également pas des nuisances quotidiennes depuis près d'un mois. "Il y a du bruit jusqu'à minuit, 1 heure du matin", raconte Enrique Indacochea. "On a appelé la police à plusieurs reprises, nous et les voisins."

"La réponse de la police était désolante", continue-t-il. "Ils ont été les voir, mais vu qu'ils n'étaient pas assez nombreux ils ont préféré pas aller au-delà. Qu'on me dise qu'aujourd'hui en France la police ne peut rien faire, ça me choque un peu."

"Moi-même j'ai dû aller les voir pour leur demander poliment de baisser leurs sons", relate Enrique.

Face à cette situation, la municipalité a fait appel aux services de l'État. Pourtant, la préfecture du Haut-Rhin se dédouane.

"La solution adaptée est la procédure juridictionnelle initiée par le propriétaire auprès du tribunal d'instance", réplique-t-elle.

Il n'y aura sûrement pas besoin d'en arriver jusque-là: d'ici une dizaine de jours, la communauté compte quitter Saint-Louis pour rejoindre Belfort.

Marine Ziss et Laurine Jeanson avec Juliette Moreau Alvarez