Démission de Jean Rottner: le maire de Colmar estime que les présidents de région "ne sont pas bien payés"

Faut-il augmenter la rémunération des présidents de Région? C'est la question que soulève le maire de Colmar Eric Straumann, près de deux semaines après la démission surprise de Jean Rottner de la tête de la région Grand Est.
L'ancien maire de Mulhouse avait invoqué des "motifs familiaux" pour justifier sa décision de quitter la vie publique et ses fonctions à la Région. Quelques jours plus tard, il avait été nommé directeur général de la société immobilière privée Réalités, à partir de l'été 2023.
"Une rémunération en rapport avec les responsabilités"
Une nouvelle page professionnelle jugée rapide, qui avait été critiquée par certains élus locaux, notamment Michaël Weber, premier secrétaire du Parti Socialiste en Moselle.
"Il avait une opportunité professionnelle avec un meilleur salaire et sans doute moins d'emmerdements", avait-il déclaré.
Interrogé, lui aussi, sur la reconversion de Jean Rottner, le maire (LR) de Colmar Eric Straumann a indiqué ne pas "vouloir accabler" l'ancien élu. Il a toutefois mis en avant la question du salaire des présidents de conseils régionaux, qu'il juge insuffisant.
Selon le site LégiFrance, un président de Conseil régional touche 5639,63 euros brut par mois, quelle que soit la taille de sa région. C'est le même montant que pour un président de Conseil départemental ou que pour un maire d'une commune de plus de 100.000 habitants.
"Les présidents de région ont la même rémunération qu'un maire de ville. Lorsqu'on dirige une administration de cinq millions d'habitants, j'estime qu'il faut aussi une rémunération qui soit en rapport avec les responsabilités qui sont données. Aujourd'hui, je pense, à titre personnel, que les présidents de région ne sont pas bien payés au regard de la charge et de la fonction qu'ils mènent", a-t-il jugé au micro de BFM Alsace.
Des "réserves" de la HATVP
Par ailleurs, à la suite de l'annonce du changement de carrière de Jean Rottner, la Haute autorité pour la Transparence de la vie publique (HATVP) a rendu "un avis compatible avec réserves” à cette reconversion.
La HATVP indique qu'elle ne dispose pas d'éléments "de nature à faire douter du respect, par l'intéressé, de l'exigence de prévention des conflits d'intérêts". Elle souligne néanmoins la nécessité "d'encadrer les futures relations professionnelles" de Jean Rottner, afin de "prévenir tout risque de mise en cause du fonctionnement indépendant et impartial de la région".
Elle l'invite notamment à "s'abstenir, dans le cadre de son activité privée, d'accomplir toute démarche auprès des élus et des agents de la région Grand Est".
Eric Straumann estime de son côté, ces précautions imposées par la réglementation française trop "sévères".
"Ça empêche tout élu, si vraiment on voulait appliquer à la lettre ce principe de précaution, d'exercer d'activité dans le secteur privé", déplore-t-il.
Jean Rottner n'est officiellement plus président de la région Grand Est depuis le 30 décembre. Il rejoindra le groupe "Réalités" à partir de juillet prochain.