Impératifs familiaux, situation politique: les raisons du départ de Jean Rottner de la vie politique

Jean Rottner - Ludovic MARIN / AFP
L'annonce de son départ à la mi-journée de ce mardi a été une surprise. Jean Rottner, président du Grand Est, a indiqué dans un communiqué, quitter ses fonctions à la tête de la Région ainsi que la vie publique.
"Je me retirerai de l'ensemble de mes mandats d'ici la fin de l'année", a ajouté l'ancien maire de Mulhouse, âgé de 55 ans, dans un communiqué.
Président (LR) de la région depuis novembre 2017, il avait succédé à Philippe Richert lui-même démissionnaire. Jean Rottner avait ensuite gardé son mandat, en remportant les élections régionales de 2021.
Un évènement familial soudain
Pour expliquer ce départ inattendu mais "mûrement réfléchi", l'élu LR a mis en avant "des impératifs familiaux". Selon les informations de BFMTV, cette décision est bien liée à des motifs d'ordre privé que Jean Rottner n'a pas voulu faire connaître au grand public.
D'après des proches camarades politiques contactés par BFMTV, c'est bien un évènement familial soudain qui l'a incité à prendre cette décision. Ils précisent toutefois, que ce n'est en aucun cas, une quelconque affaire suspendue au-dessus de la tête, qui l'aurait poussé à démissionner.
Une situation politique difficile
Par ailleurs, la situation politique du président du Grand Est était devenue difficile ces derniers temps. Alors que Jean Rottner est membre de LR, lors des dernières élections régionales, un accord avec Renaissance (alors LREM) avait été évoqué par son entourage mais condamné par une autre figure de LR dans la région, Nadine Morano.
Jean Rottner avait finalement renoncé à un tel accord, mais Nadine Morano n’avait elle pas figuré sur sa liste, suscitant la colère de l'eurodéputée.
Par la suite, Jean Rottner avait dû soutenir pour l'élection présidentielle, la candidate de son parti Valérie Pécresse. Une fidélité à sa famille politique, qui n'avait pas particulièrement plu à la majorité présidentielle, avec laquelle il entretient des liens. Elle lui en avait depuis tenu rigueur.
Une non-invitation à un dépôt de gerbe
Dans le même temps, ses relations avec les cadres nationaux de LR ne sont pas forcément meilleures. En novembre dernier, alors que les trois candidats à la présidence du parti, Aurélien Pradié, Bruno Retailleau et Eric Ciotti, étaient de passage dans sa région pour rendre hommage au général de Gaulle, Jean Rottner n'avait pas été convié au dépôt de gerbe sur la tombe du général à Colombey-les-Deux-Églises (Haute-Marne).
Toujours en novembre dernier, dans une interview à l'Opinion, Jean Rottner avait dit regretter l'absence d'accord de gouvernement entre Renaissance et les Républicains. Il s'était également montré pessimiste quant à l'avenir de LR. "Je pense que le parti va éclater", avait-il alors pronostiqué.
Désormais, Jean Rottner termine ce mardi sa dernière réunion dans ses fonctions de président de la région Grand Est. À la suite de celle-ci, il quittera la vie publique.
"Jean reprend le contrôle de sa vie"
Après l'annonce de sa démission, les réactions ont afflué dans la classe politique, notamment au sein des Républicains. Le maire de Metz François Grosdidier, également vice-président de la région Grand Est, a fait part de sa tristesse à l'annonce de cette nouvelle. Il dit toutefois "comprendre et respecter" son choix.
"Nous avions parfois échangé sur le prix de l’engagement politique, les sacrifices sur un plan personnel et familial, aujourd’hui plus éprouvant que jamais avec la dégradation du débat public. Sans aucune amertume, avec bonheur, Jean reprend le contrôle de sa vie (...) Je m’en réjouis pour sa famille et le regrette pour la région", a-t-il déclaré sur Twitter.
Pour succéder à Jean Rottner, Franck Leroy, premier vice-président de la Région, va assurer l'intérim.