BFM Var
Var

Incendies, orages de grêle... les viticulteurs du Var face au risque d'une "année noire"

placeholder video
Les aléas météorologiques ont considérablement endommagé les exploitations, qu'il s'agisse des raisins ou du matériel.

Les exploitations varoises n'ont pas été épargnées ces derniers jours. Les terres ont essuyé coup sur coup les incendies et les orages de grêle. Ces derniers sont survenus ce mardi dans le secteur de Gonfaron. Pour certains exploitants, les dégâts sont considérables. C'est le cas notamment pour les horticulteurs, les maraîchers, mais aussi les viticulteurs.

Selon Brice Eymard, directeur général du Conseil interprofessionnel des Vins de Provence, le recensement reste à faire. "On sait qu'une trentaine d'exploitations sont concernées, que ce soit par les incendies ou la grêle", mais certaines parcelles restent encore "difficilement accessibles", a-t-il indiqué ce mercredi soir sur BFM Toulon Var.

Bernard Filisetti fait partie des exploitants touchés. Il saisit une grappe de raisin avec dépit. "Vous voyez cette grappe?, demande le président de la cave coopérative de Pignans. Le raisin a été touché par un grêlon. Il va dessécher, il va pourrir", se désole-t-il. Si l'intéressé estime ses pertes à 50%, certaines parcelles sont même totalement détruites.

Un orage "d'une rare violence"

L'orage n'a pourtant duré que "45 à 50 minutes". Mais il était "très intense, d'une rare violence", relate-t-il. Du jamais vu dans le village, "même les anciens nous le disent".

Ironie du calendrier pour la cave coopérative de Pignans, les vendanges devaient démarrer... ce mercredi matin. À la place, c'est une véritable course contre la montre pour sauver les dernières grappes qui a débuté.

"S'il n'y a pas de Mistral, en quelques jours, les raisins sont finis, avertit Bernard Filisetti. Il n'y a plus rien à faire. On va essayer de se dépêcher de rentrer cette récolte."

Des grappes exposées à la fumée

Les producteurs les plus en difficulté pourront compter sur un élan de solidarité, souligne Brice Eymard, pour leur permettre "soit de vendanger, soit de pallier aux problèmes qu'ils rencontrent".

Ceux dont les vignes ont été touchées par les incendies en ont vraisemblablement plus besoin que les autres, selon le directeur général du Conseil interprofessionnel des Vins de Provence.

Car même si "les vignes brûlent peu" et "constituent des pare-feu", elles peuvent être "échaudées" et donc plus vendangeables. De même s'agissant de parcelles touchées par le liquide retardant des pompiers.

"Des grappes ont pour leur part pu être exposées à la fumée. Le problème est que l'on ne s'en aperçoit que lorsque le raisin est dans la cuve, en macération, souligne Brice Eymard. Dans ces cas-là, les vignerons trient à la vendange. Les raisins touchés par ces fumées sont vendangés séparément pour pouvoir neutraliser le goût de fumée s'il se présente".

Du matériel détruit

Pour d'autres producteurs, le problème est autre. "Pour certains, le matériel a été détruit". Mais "le syndicat des Côtes de Provence et la Chambre d'agriculture ont mis en place l'organisation de solidarité et de prêt de matériel", assure-t-il.

Les incendies et les averses de grêle compliquent encore un peu plus une année déjà éprouvante pour les exploitants agricoles, explique François Drouzy, directeur de la Chambre d'agriculture du Var. Ce dernier rappelle qu'un épisode de gel avait déjà touché les sols au printemps. "Ça en remet une couche", regrette-t-il.

Dans l'ensemble, la récolte "ne sera pas pléthorique" pour les Côtes de Provence, estime Brice Eymard. Mais "à l'échelle du vignoble dans son ensemble, on aura quand même une récolte qui nous permettra d'alimenter les marchés".

"C'est dommage"

"C'est dommage parce que les conditions climatiques, hormis ces aléas-là, étaient très favorables, soutient le directeur général du Conseil interprofessionnel des Vins de Provence. Dans les zones les moins touchées, les vendanges ont démarré et la qualité est très belle. Mais on a certains viticulteurs qui risquent une année noire."

Julien Denormandie, ministre de l'Agriculture, a rencontré les viticulteurs du Var lundi pour leur apporter leur soutien, probablement sans se douter que leurs terres seraient frappées par la grêle le lendemain.

Brice Eymard lui a fait par de ses doléances. En plus des aides habituelles dans ce type de situations, "la demande forte, ça a été une meilleure prise en compte du travail des vignerons et de leur avis dans la gestion du territoire, notamment dans la zone du parc naturel", explique-t-il.

L'objectif est "qu'ils puissent entretenir leurs vignes et éventuellement diminuer les effets des incendies quand ils se présentent. Aujourd'hui, c'est surtout ça le problème: la rapidité de la propagation des incendies et en partie le fait que ça ne pouvait pas être entretenu".

Marion Colangelo avec Florian Bouhot