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Les ados américains sont tout à fait conscients d'être dépendants de leur smartphone

La moitié des adolescents américains reconnaît passer trop de temps sur son smartphone

La moitié des adolescents américains reconnaît passer trop de temps sur son smartphone - Sous licence Creative Commons CC0

54% des adolescents américains reconnaissent passer trop de temps sur leur smartphone, révèle une étude du centre de recherches Pew. Les solutions apportées par les Gafa pour aider les usagers à contrôler le temps qu’ils passent sur leurs appareils seront-elles efficaces?

Le temps passé sur les écrans inquiète scientifiques et consommateurs. À tel point que les géants du numérique comme Apple et Google proposent désormais à leurs utilisateurs des rapport d’activité détaillés accompagnés d'outils pour limiter sa consommation. Aux Etats-Unis, 54% des adolescents de 13 à 17 ans sont conscients de passer trop de temps sur leur smartphone, révèle une étude du centre de recherche Pew, publiée le 22 août. Cette donnée tombe à 36% pour les adultes.

Globalement, l’étude montre que les adolescents sont beaucoup plus dépendants que les adultes de leur smartphone. 72% des adolescents reconnaissent même que c'est dès le réveil qu'ils consultent (souvent ou de temps en temps) leurs messages et notifications.

Pew Research Center
Pew Research Center © Pew Research Center

"Pourcentage d'adolescents et de parents qui déclarent : passer trop de temps sur leur smartphone / regarder leurs messages dès le réveil / avoir l'impression que leur enfant ou parent est distrait pendant une conversation / être déconcentrés au travail ou à l'école parce qu'ils regardent leur téléphone"

L’Organisation mondiale de la Santé ne reconnaît pas la dépendance aux écrans comme une maladie, contrairement à l’addiction aux jeux-vidéo. Selon l’étude du centre Pew, les adolescents interrogés reconnaissent se sentir mal sans leur smartphone. 56% d’entre eux associent l’absence de téléphone à trois sentiments: la solitude, l’anxiété et la contrariété. Les filles seraient plus sujettes à se sentir angoissées sans leur téléphone, affirme l’étude.

Se désintoxiquer des écrans 

Les adultes ne sont pas en reste. Si 72% affirment que leur enfant est parfois distrait par son smartphone alors qu’ils essayent d’avoir une discussion avec eux, les adolescents font le même constat à 51% concernant leurs parents.

52% des adolescents interrogés déclarent avoir déjà pris des mesures pour réduire le temps passé sur leur téléphone. Ils sont 57% à avoir essayé de diminuer leur consommation des réseaux sociaux et 58% pour les jeux-vidéos.

Pew Research Center
Pew Research Center © Pew Research Center

"Pourcentage d'adolescents américains qui : regardent leurs messages et notifications dès qu'ils se réveillent / pensent qu'ils doivent répondre immédiatement aux messages qu'ils reçoivent / sont déconcentrés en classe car ils regardent leur téléphone"

Quelles solutions apportent les géants du numérique?

L’iOS 12, qui sortira à l’automne, intègrera "Screen Time", un résumé de sa consommation d’écran avec des données pour chaque application. Il sera aussi possible de fixer une limite de 25 minutes par jour pour Instagram par exemple. L’utilisateur recevra une notification quand la limite est sur le point d’être dépassée. Une technologie permettra aussi de faire des suggestions intelligentes pour les notifications d’applications très peu utilisées pour éviter le sentiment de submersion.

Google avait dévoilé avant Apple un système de gestion de temps assez similaire pour Android Pie. Sur cette version, Google introduit un tableau de bord qui indique également un compteur de temps passé sur son Phone, un minuteur d’application et la possibilité de définir des créneaux horaires.

Les Gafa sont-ils hypocrites? 

"La position des Gafa est ambigüe", analyse pour BFM Tech Sophie Pène, professeur à l'université Paris Descartes en sciences de l'information. "Ils affichent une responsabilité morale tout en continuant d'inciter aux usages. C'est aussi une façon pour eux de dire: nous savons réguler, nous n'avons besoin de personne", poursuit-elle. 

Apple et Android assurent vouloir aider les usagers à comprendre et à contrôler le temps qu’ils passent sur leurs appareils. "Personne n'a déjà eu l'idée de mettre un compteur de temps sur un livre ou un jouet", remarque Sabine Duflo, psychologue clinicienne et thérapeute familiale. "Cela prouve qu il y a une dimension addictive des écrans et qu ils en sont conscients. Chez des enfants, cet aspect addictif peut se révéler toxique".

Ces gestionnaires de temps peuvent-ils vraiment nous aider à réguler notre consommation?

"Ces alertes quantitatives fonctionnent quand il y a un groupe humain avec des discussions. Peut-être qu'il est possible de se donner un objectif quand on est seul. Mais nous avons besoin de nous rattacher à un groupe pour enclencher un processus de conscientisation et donc de motivation. Sinon, cela devient une donnée parmi tant d'autres", argumente Sophie Pène.

Reste à savoir si les constructeurs communiqueront les résultats pour évaluer l'éventuel impact de ces outils. 

https://twitter.com/Pauline_Dum Pauline Dumonteil Journaliste BFM Tech